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Par Alain Bagnoud le 19 Septembre 2012 à 08:27
Donc, on l'a vu, Céline ne se reconnaît aucune culpabilité dans D'un Château l'autre. Pourquoi s'acharne-t-on sur lui alors? C'est qu'il fait la victime idéale. Voici son argumentation:
Tous les autres, tous ceux de la collaboration, ont commis mille crimes et dit mille fois plus d'horreurs que lui sur les juifs. Seulement, lui, il a écrit. « N'écrivez jamais! » Les paroles s'envolent, les écrits restent. En le poussant en avant pour qu'il soit brûlé, les vrais coupables se dissimulent. L'autodafé les purifie et les innocente.
Car ce qui est évident pour lui, c'est que ce ne sont pas seulement les résistants qui veulent sa peau. Les 1142 réfugiés à Sigmaringen et condamnés à morts, surtout, comptent sur lui pour qu'il paie pour eux. « Je sauvais tout le monde par Bagatelles! Les 1142 mandats!... comme j'ai sauvé de l'autre côté, Morand, Achile, Maurois, Montherland, Tartre... l'héros providentiel con!... moi!... moi!... moi!... »
Lui : le bouc émissaire universel: pauvre moi, dit-il, pourquoi le monde entier me voue-t-il tant de haine alors que je n'ai voulu que son bien, que j'ai agi pour ça?
Une posture qui rappelle assez celle de Rousseau à la fin de sa vie.
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