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    Bagnoud, Rebetez, Moeri (traducteur)

    Article paru dans le Nouvelliste du 24.11.14

    Culture
    LITTÉRATURE

    Les textes de 68 auteurs sont réunis dans un ouvrage qui vient de sortir de presse à
    l’occasion du 200e anniversaire de l’entrée du Valais dans la Confédération.


    Une anthologie pour un 200e


    JEAN-MARC THEYTAZ TEXTES SAbine PApilloud photos


    La Médiathèque de Sion était au centre du Valais littéraire
    vendredi soir, une anticipation du 200e anniversaire de l’entrée
    de notre canton dans la Confédération en quelque sorte: les
    Editions d’autre part vernissaient leur dernière publication
    «Ecrits du Valais - 1572-2014 - une anthologie».
    «En poèmes et proses, vivants ou disparus, connus ou
    anonymes, francophones et alémaniques, soixante-huit auteurs
    valaisans se côtoient et souvent se répondent, s’enrichissent,
    pour offrir au lecteur un maillage serré et chamarré de
    l’expression littéraire dans ce morceau de territoire
    particulièrement fécond, tant les plumes sont nombreuses et de
    qualité, entre glacier du Rhône et lac Léman», résument Pascal
    Rebetez et Alain Bagnoud, responsables de cet ouvrage
    important qui nous offre un large panorama littéraire de la
    création valaisanne. Une vitrine en quelque sorte, une librairie
    dans laquelle on peut trouver mille et un éclairages et angles
    d’approche sur notre canton. «Cette anthologie nous offre de
    belles surprises. Il s’agit d’une anthologie francophone mais
    aussi avec des textes allemands traduits en français. Sur le site
    www.dautrepart.ch vous avez des liens pour les textes
    originaux et wikivalais vous offre les biographies des
    écrivains.»
    Le livre en lui-même est un bel objet esthétique, simple et
    dépouillé, cousu au fil, imprimé en Suisse avec un tirage de
    800 exemplaires. «Il s’agissait pour nous de favoriser la joie
    de la lecture, de susciter des vocations», précise Pascal
    Rebetez. Pour Alain Bagnoud «il y a eu une large consultation,
    dans divers milieux dont ceux universitaires pour procéder au
    choix des textes et des auteurs qui devaient avoir publié à
    compte d’éditeur. Un travail fait de patience, de sérieux et de
    recherches menées avec un esprit d’ouverture.» Un chantier
    donc mené à bien et qui inaugure brillamment les réalisations
    faites à l’occasion du 200e. A noter que la couverture a été
    réalisée par Augustin Rebetez, Prix de la photo à Vevey.

    QUESTIONS À...JACQUES CORDONIER chef
    de la culture du canton du VAlais


    Le «Journal intime d’un pays»


    Une anthologie, est-ce une façon ciblée d’écrire l’Histoire du
    Valais qui fêtera ses 200 ans en 2015?


    Une anthologie, c’est proposer un parcours au long cours dans
    la littérature valaisanne. La littérature n’écrit pas l’Histoire:
    elle donne à lire des histoires en témoignant de l’univers
    singulier de chaque écrivain. Pour reprendre le beau titre d’un
    récent recueil de textes de Maurice Chappaz, cette anthologie
    est en quelque sorte le «Journal intime d’un pays», celui que
    l’on écrit au fil des jours sans se soucier de cohérence et
    d’enchaînements logiques, celui à qui l’on confie ce qui est
    enfoui, celui où le rêve et la science ont la même importance.


    C’est le premier ouvrage important sur notre littérature
    cantonale, manquait-il de chercheurs, de lettrés ou d’écrivains
    intéressants dans notre contrée qui justifiaient la publication
    d’un tel ouvrage?


    Effectivement et jusqu’ici, la littérature valaisanne n’a pas fait
    l’objet d’une publication d’ensemble significative. Néanmoins
    des bibliothécaires se sont attelés à en dresser l’inventaire. Ce
    fut le cas d’Isabelle Quinodoz en 1978 et de Sabine Leyat qui
    pour la période allant de 1975 à 2002 a identifié plus de cent
    auteurs. Avec l’anthologie qui paraît, un pas supplémentaire
    est accompli en proposant la découverte d’une sélection de
    textes littéraires. Peut-être a-t-il fallu que les figures tutélaires

    disparaissent pour que ses auteurs se sentent légitimés à
    entreprendre ce travail qui nécessite de faire des choix. Ceci
    dit l’étude plus fouillée sur la littérature valaisanne reste
    encore à effectuer, mais le cadre valaisan n’est-il pas trop
    étroit pour cela?
    Une démarche telle que l’histoire littéraire de Suisse romande
    réalisée dans les années nonante n’est-elle pas plus appropriée
    pour mettre en valeur la contribution des écrivains de notre
    canton dans un contexte plus large?


    Comment définiriez-vous les lettres valaisannes depuis 200
    ans?


    Ici, c’est aussi là-bas ou comment allier le régional, celui qui
    inspire l’écrivain du pays comme celui qui est en visite, et la
    quête de l’universel dans un jeu de mots, de miroirs et de
    mémoires.


    Pour vous, les écrivains sont-ils plutôt des témoins, des
    passeurs, des créateurs, des prophètes?


    Des «sismographes avancés» d’une société, qui traduisent
    l’imperceptible des changements à l’œuvre, des cassures et des
    résistances avant que ceux-ci ne deviennent évidents.
    Votre coup de cœur parmi les «grands écrivains» qui ont parlé
    avec le plus de sensibilité, d’authenticité, de force, du Valais?
    Corinna Bille, parce que le «Mystère du monstre» fut ma
    première lecture d’un auteur vivant et valaisan. J’ai compris
    que l’histoire qu’elle contait dans ce livre était la vérité et que
    cela se passait près de chez moi.


    «Ecrits du Valais – 1572-2014 – une anthologie» Editions
    d’autre part – Jasmine Liardet, Pascal Rebetez – prix 35
    francs, dans toutes les librairies. www.dautrepart.ch





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