• La courge se porte moins bien, cette année, vous avez remarqué? On ne la trouve plus en effigie, en lampion, dessinée, peinte, imprimée. Sa couleur orange ne donne plus le ton aux décorations des commerces.
    C'était pourtant Halloween il y a trois jours. Une fête qui avait suscité un formidable engouement avant de retomber. Et les traditionalistes de jubiler : « Ca n'avait rien à voir avec notre culture. Nous, c'est le premier et le deux novembre, la Toussaint et le jour des morts. Pas la fête des esprits, pas cette ancienne solennité celte importée aux USA par les émigrants irlandais, arrivée chez nous il y a quelques années pour des raisons commerciales. Dont il ne reste des origines sacrées que de vagues représentations fantastiques, lesquelles ont plus à voir avec les dessins animés ou les films ironiques qu'avec les terrifiantes puissances d'en-bas. »
    C'est juste. Laïcisation. Perte de substance. Amusement de ceux qui n'avaient justement plus de jalons historiques ou religieux. Matraquage commercial et médiatique qui nous bombardaient de courges.
    Bon, la tradition n'a pas pris, on retourne aux seules fêtes consacrées. Noël, par exemple. Fête immémoriale ? Fête qui se transforme en tout cas. Elle célébrait le solstice d'hiver celte, est devenue les saturnales romaines, puis la commémoration de la naissance du Christ, et enfin une cérémonie familiale laïque. Regardez ses derniers emblèmes. En quelques années, la crèche, Jésus, Marie, le bœuf et l'âne ont disparu au profit du Père Noël, des rennes, des sapins, des paquets-cadeaux.
    Une nouvelle tradition remplace l'ancienne. Mais la tradition n'est jamais fixée. Elle se modifie sans cesse, n'est qu'une image que nous nous faisons du passé, et qui nous renvoie à l'état actuel de notre société. En l'occurrence: infantilisante, mercantile et superficielle, avec ou sans Halloween.





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