• Ce n'est pas moi qui vais me plaindre de ceux qui réécrivent et republient un livre.

    Et voici une page de publicité qu'on pourra sauter en se rendant immédiatement au début du troisième paragraphe de ce texte si on ne veut pas se faire rappeler qu'un de mes derniers livres parus, Le Lynx (L'Aire 2014), reprend La Proie du Lynx (L'Aire 2003) en version ramassée, refaite.

    C'est aussi à un exercice complet de réécriture que se livre Virgile Elias Gehrig avec son Pas du tout Venise, dont la première version datait de 2008. Le livre est republié cette année en Poche suisse à l'Age d'Homme.

    Son sujet reste le même : la visite de Tristan à l'hôpital où sa mère est mourante. Mais entre deux, bien des choses ont changé.

    Dès le début, par exemple, on se rend compte que dans la deuxième version, l'auteur a opté complètement pour un récit à la troisième personne, là où l'original intégrait quelques je. Le texte est, du coup, moins dans la construction directe de l'émotion, beaucoup plus dans son élaboration.

    Tout un travail a également été fait sur le rythme et l'expression, dans le but de reproduire et d'évoquer précisément les détails de cette visite, d'une part, et, d'autre part, de rechercher à travers ces remémorations une esthétique, qui est de l'ordre de l'incantation, de l'envoûtement, du poème.

    Gehrig reste fidèle à sa manière de creuser chaque scène, de dilater chaque seconde de la visite. Il vise à épuiser les sensations, à les exprimer au mieux, utilisant les ressources de la langue de façon variée. Le récit avance ainsi entre évocations, réflexions, citations, associations, formant une matière littéraire travaillée, baroque, exigeante et tout à fait intéressante pour ceux qui préfèrent le travail sur la langue aux vertiges des intrigues.

    Cette nouvelle version a reçu le Prix de la Fondation Henri et Marcelle Gaspoz 2014.

     

    Virgile Elias Gehrig, Pas du tout Venise, Poche suisse, L'Age d'Homme





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