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Montagne
Depuis Rousseau, suivi par les romantiques, on a une vision spirituelle de la montagne. Elle élève l’âme. Plus l’altitude augmente, plus les pensées se dématérialisent.
Ce détachement serein était peut-être au début un résultat du manque d’oxygène, si on me permet cette hypothèse matérialiste, terre à terre, démystificatrice. Il est devenu moral, religieux. L’alpe est loin des hommes et près de Dieu.
Le romantique peut s’y adonner à la rêverie et à la définition de son moi forcément contrasté, tourmenté comme le paysage, en même temps noir comme les forêts et lumineux comme le ciel, profond comme le précipice, tumultueux comme le torrent, dominant comme les cimes, encaissé comme le vallon. Il est chez lui dans la montagne, il est à l’intérieur de lui-même et il se parcourt et s’explore. Cette sensation exaltée et mélancolique de grandeur, d’insuffisance, d’espoir inatteignable et d’incomplétude ne peut mentir: le romantique se trouve en lui-même dans les hauteurs.
Ou en tout cas la part romantique de chacun d'entre nous. Moi, je grimpe ce week-end dans les hauteurs pour prendre un peu de hauteur. Et je me réjouis déjà de méditer au bord des trous.