-
Elias Canetti, Jeux de regards
Une image du cosmopolitisme à lui tout seul. Elias Canetti (1905-1994) est, je cite Wikipédia, un écrivain juif séfarade d'expression allemande, originaire de Bulgarie, détenteur d'un passeport turc et devenu citoyen britannique en 1952.
Ce qui a posé des problèmes quand il a reçu le prix Nobel de littérature en 1981. A l’annonce du résultat, toutes sortes de pays ont proclamé que le Prix les honorait. Il semble que le comité voulait récompenser un auteur autrichien. Mais il l’a ensuite requalifié comme britannique, étant donné les circonstances...
Bref: Jeux de regards. Cette autobiographie évoque les années 1931 à 1937. Elle raconte la vie du jeune écrivain dans la Vienne foisonnante de l'avant-nazisme.
A cette époque, Canetti, futur Prix Nobel, n'avait encore rien publié. Il avait écrit Auto-da-fé, le seul roman de sa vaste production. Auto-da-fé parle d’un savant obsédé par les livres, qui vénère les 25’000 ouvrages de sa bibliothèque. Il épouse sa servante parce qu’elle semble les idolâtrer autant que lui, mais elle se révèle intéressée uniquement par l’argent, et la vie du héros devient un enfer (sa femme en arrive même à vendre ses livres!)
A cette époque, Canetti se cherchait des maîtres pour parfaire sa formation. De sorte que plus qu’un témoignage historique ou un document sur sa création littéraire, Jeux de regards se lit comme une galerie de portraits.
Et quels portraits! Musil, Alban Berg, Kokoschka, Alma Mahler, Thomas Mann...
Elias Canetti, Jeux de regards. Histoire d'une vie