Magnifique et poignant, le dernier livre de Jérome Meizoz. De courts textes, des poèmes, des proses poétiques autour de terrains vagues et de personnages. Rimbaud à vélomoteur, qui ouvre le recueil, est l'évocation d'un poète qui « n'avait en tête que le Livre, la grande Phrase qui rachète tout », paysan, marginal, parcourant le pays en tout sens, buveur et habitué de la diatribe, méprisé par ses concitoyens, poursuivant obstinément sa quête jusqu'au soir où il s'est installé sur la voie ferrée pour attendre le train qui allait le tuer.
Suivent dans le recueil d'autres individus poignants. Une femme « soûle du Saint Esprit » qui cherche obstinément à contredire le malheur et à consoler. Un pêcheur. Paulo, le beau Paulo détruit par l'amour.
Toute une galerie de personnages se constitue ainsi. Des êtres qui sont un peu à part, touchés dans la grande fraternité des êtres. Des gens fragiles qui luttent, se relèvent, sont vaincus parfois, près de qui Meizoz se tient avec une grande tendresse.
Ce sont des portraits inspirés parfois par le réel. Dans le premier texte dont j'ai parlé, par exemple, qui traite de la question du suicide des écrivains et de l'incompréhension sociale qui les accueille, on reconnaît Vital Bender, de Fully, là d'où venait aussi Adrien Pasquali, qui s'est également donné la mort..
Il y a d'autres choses encore dans ce livre. Des paysages, vallée venteuse, pierres, mer, caps, pics en novembre, en hiver. L'altitude, les rocs, le ruissellement, l'érosion. Des lieux d'attente ou de départ. Des hangars, parkings, halls de gare, une bibliothèque où se réfugier. Un univers cohérent, évocateur, rude et présent, qui est dit dans une écriture juste, évocatrice, forte.
Jérôme Meizoz, Terrains vagues, Editions de L'Aire
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