• Je vous ai raconté ici, vous vous en souvenez peut-être, ma rencontre avec Jean Chauma. Un ex-braqueur de banque, qui m'a impressionné par sa personnalité, sa lucidité et l'originalité de son rapport au langage.
    C'est grâce aux billets que j'avais écrits autour de son premier livre, Bras cassé (voir ici, ici, ici, et ici) que j'ai fait sa connaissance, et qu'il m'a donné Poèmes et récits de plaine. Un recueil juste paru, que je ne saurais trop vous conseiller d'acheter séance tenante.
    Anecdote intéressante, c'est Marius Daniel Popescu qui est en partie responsable de la publication de ces textes. Il avait donné un séminaire d'écriture dans le pénitencier où se trouvait Chauma, puis l'avait mis en relation avec les excellentes éditions Antipodes où Popescu avait publié son premier recueil. Arrêts déplacés. (C'était avant qu'il ne sorte sa  retentissante symphonie du loup.)
    Vous trouverez dans Poèmes et récits de plaine quelques évocations de la trajectoire de Chauma. Son service militaire dans les parachutistes de la marine française. Quelques évocation de la vie de voyou, par exemple le braquage d'un camion blindé. La longue attente éprouvée dans les séjours en prison. Ou encore la découverte du plaisir de travailler le bois...
    Un matériau autobiographique transmuté dans une forme poétique qui expérimente diverses formes, poèmes, versets, ou exercice de style sur une assonance.
    Tenez, un court exemple pour vous donner envie. Un poème sans titre vers la fin du recueil, qui marque le retour à la norme.
          Honnêteté,
          Comme une marginalité de notre époque,
          Particularité,
          A vivre comme une nouvelle aventure,
          Comme un territoire à reconquérir. 

    Jean Chauma, Poèmes et récits de plaine, Editions Antipodes, 2008

    (Publié aussi dans Blogres.)