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L'épidémie, par Claude Darbellay

L'épidémie, par Claude DarbellayL'épidémie est un thriller. Ou plus particulièrement un roman policier à énigme.
On en connaît les règles, qui sont exposées partout, et par exemple ici (où j'ai pris les citations qui suivent).
D
'abord il y a un crime. Le président d'une firme helvétique liée aux dialyses est pendu par sa cravate au lustre de la salle de réunion, en plein conseil d'administration, devant ses collaborateurs. Par un commando masqué.
Puis vient l'enquête. Le jeu de reconstitution. Le pourquoi. La fouille du passé.
Dans le roman à énigme, le détective « est souvent un amateur un peu à l'écart du monde. » Ici, un spécialiste des langues qui a étudié la philosophie et cite Lao Tseu.  « Il est cependant la plupart du temps secondé par un ami ou par un sous-fifre qui lui donne la répartie et lui sert de confident » Et voici Frank, le narrateur. Un des narrateurs, plutôt. Il travaillait avec le pendu.  
« Les héros appartiennent souvent à une couche sociale aisée. » Des chercheurs, des cadres, de grands entrepreneurs. « Le criminel est souvent un membre respectable de la société. » Oui. Mais bien évidemment, je ne dis pas qui il est. D'ailleurs que je ne dis pas grand chose de l'intrigue. Enfin, il y a énigme, ou non ? Faut-il couper l'herbe sous le pied du lecteur ? 
 « Tout le monde ment et peut être coupable. » Tout le monde. « L'analyse psychologique des personnages n'est pas toujours très approfondie. » Effectivement, les personnages sont un peu silhouettes. La belle femme séductrice, froide, manipulatrice. Le tueur impavide au destin déclenché par une vengeance personnelle. Les hommes d'affaire sans scrupules.
L'important pour Darbellay n'est pas dans leur complexité, mais dans ce qu'ils révèlent.
Les autres règles du genre sont également respectées : le déplacement réel ou virtuel dans plusieurs pays, Afrique, Italie, Amérique, des morts, de la violence
.  
Et aussi l'inanité de l'enquête. « Selon le point de vue idéologique l'ordre social n'est pas remis en question et, après l'enquête, se trouve pleinement rétabli. » Ce qui veut dire qu'ici, les découvertes terrifiantes des enquêteurs ne servent à rien.
Mais si les règles du roman à énigmes sont respectées, Darbellay fait bien de la littérature. Il a une écriture inventive, froide, efficace. Un point de vue personnel. Une
vision. Le genre qu'il a choisi lui sert à dévoiler le monde, dont il a une vision très noire. Sa dénonciation confortera tous les adeptes de la théorie du complot.
Et il faut bien dire quelque chose. Ça fonctionne. En refermant L'épidémie, le complot que Darbellay dénonce, on y croit ! 
 
(Claude Darbellay, L'épidémie, vient de paraître aux éditions G d'Encre)

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