• Vladimir Nabokov, Parti pris

    Vladimir NabokovUne bonne raison de lire Partis pris, recueil d’interviews de Nabokov entre 62 et 72: il écrivait ses réponses.

    Pourquoi? « Je pense comme un génie, j’écris comme un auteur distingué et je parle comme un enfant » explique-t-il dans l’avant-propos.

    Ainsi, ses dons d’orateur étant à son avis médiocres, notre auteur exigeait que les questions lui soient fournis à l’avance. Il rédigeait ses interventions, qui devaient être reproduites textuellement.

    Quand il s’agissait de passage à la télévision, la préparation était la même. Puis devant la caméra allumée, Nabokov lisait ses fiches, dissimulées derrière des piles de livres. On peut le voir dans la vidéo qui illustre cet article, un extrait d'Apostrophes du 30 mai 1975.

    Travaillées, avec ce sel d’impertinence qui est sa marque, les réponses de Nabokov sont donc bien intéressantes. Au début du recueil en tout cas. Parce qu’à mesure que les entretiens se succèdent, un sentiment de répétition naît et croît.

    La faute aux questions, souvent les mêmes. Êtes-vous un auteur américain, russe, anglais ou suisse? Quelle est la place de Lolita dans votre oeuvre? Vos cours à Cornell? Votre carrière de lépidoptériste?

    Il y a de la faute de Nabokov aussi. Il fuit les idées générales, refuse toute autre voie que solitaire, prône l’art, l’artifice et le détail. Cette position donne des merveilles dans ses romans où son imagination galope à fond mais les entretiens tournent en rond.

    Heureusement, il y a ces passages où son talent de polémiste le fait entrer dans l’arène. Ses attaques contre Freud, le communisme, les critiques littéraires, Dostoïevski sont des purs moments de plaisir.

    Enfin il y a d’autres choses dans Parti pris. Des lettres aux rédacteurs et quelques articles. On y reviendra.