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Un amour de Swann, par Marcel Proust
Un amour de Swann est probablement le plus parfait de tous les volumes de Proust. Un texte très travaillé. Des phrases musicales. Des métaphores soignées. Une composition impeccable.
Pourtant, j'éprouve une petite oppression quand je lis le début. Tous ces milieux clos.
Le salon des Verdurin, le petit appartement d'Odette, sa chambre au rez-de-chaussée, ses escaliers qui montent vers les deux pièces de réception, dans lesquels le domestique doit placer les lampes exactement à la bonne place faute que l'effet général soit manqué. Tous ces restaurants et ces cafés dans lesquels Swann la recherche, le soir, à ce moment décisif de son amour où il pense qu'il ne la retrouvera pas, qu'il ne la ramènera pas chez elle et où le manque lui fait subir une évolution décisive (ce même manque que le narrateur éprouve, enfant, à ne pas avoir de baiser de sa mère).
Un enfermement, une contrainte redoublés par la petitesse des Verdurin (mais leur exécution par Proust est jouissive) et par la bêtise d'Odette. Emprisonné dans toute cette étroitesse, tous ces murs et tous ces plafonds bas, l'amour semble bien incapable de prendre une expansion qui puisse rendre Swann heureux