• Saint-Georges à Chermignon

    Salut à Chermignon ! C'est là d'où je viens. Ma commune d'origine, dont c'est aujourd'hui la fête. La Saint-Georges. Un grand jour. Un jour férié, avec nombreux défilés solennels dont le plus important va vers le pré des Girettes et est ouvert par un cavalier représentant Saint Georges, vêtu comme l'Empereur Napoléon, suivi par les grenadiers de sa garde et les petits Drapeau de Chermignonsoldats. Des garçons de l'école primaire militarisés par une baïonnette et le képi d'un aïeul. Et les deux fanfares communales qui mènent les autorités. Et les porteurs de pain avec de grands paniers plats.
    Pourquoi ce pré ? Eh bien, en 1640, un nuage de peste noire avait surpris un Chermignonard qui le fauchait. Enveloppé par la nuée mortelle, Ointzo (car il s'appelait Ointzo) avait fait vœu de distribuer du pain à tous chaque année à la même date s'il réchappait du mal dont il sentait déjà les atteintes.
    Il avait guéri, tenu parole et fait ensuite une donation à la commune afin qu'elle perpétue la coutume après sa mort. D'où cette fête, qui superpose aussi d'autres traditions comme les couches d'un mille-feuilles.
    Commémoration du saint qui avait terrassé le dragon. Glorification de communautés paysannes médiévales qui avaient arraché leur autonomie à la noblesse locale. Souvenir des soldats mercenaires qui s'étaient vendus à des barons, à des ducs, à des princes-évêques, à des rois, des papes, des empereurs, dans toutes les armées d'Europe, du Moyen-Age jusqu'à Napoléon. Rappel du clivage historique entre les fanfares et les partis de famille  (les Blancs et les Jaunes), tous de bons Chermignonards, mais les nôtres un peu plus que les autres.
    Le point culminant de la journée est le discours de l'après-midi, aux Girettes. J'y pense comme à une chose personnelle : j'ai eu l'honneur de le dire, l'année passée. Bien sûr, je ne raffole pas de ce genre de choses. Mais c'était une manière de rendre hommage à mes parents qui étaient là.
    Et puis, comme on peut le penser après, par exemple une année plus tard, avec le sentiment du devoir accompli : " Bon, ça, c'est fait !"