• Un entretien avec Etienne Dumont sur mes trois derniers livres. Il est paru dans Bilan.ch le 2 mai.

     

    ED: Comment se sent-on en publiant trois livres presque d'un coup?
    AB; J'en avais fait dix. J'en arrive à treize, en réutilisant partiellement des textes anciens. "Le lynx", qui ressort à l'Aire bleue, est un roman de 2003. Je l'ai complètement récrit pour des raisons de rythme. J'ai surtout sabré. Mon côté prof' corrigeant de la copie probablement. La moitié de ce polar valaisan a d'un coup disparu. J'avais été trop explicatif il y a dix ans. 

    Vous semblez porté sur le récit court.
    Mon goût personnel me pousserait vers le roman, mais ce n'est pas ce que je fais de mieux. Les petits textes demandent du feu. Il s'agit d'arriver à une première version en un ou deux jours. Il ne faut pas que la flamme retombe. Vous courez. Vous vous permettez des ellipses. Le roman ressemble davantage à une maison dont vous entassez les briques. C'est briques et bricolage! 

    Quelle est pour vous l'origine d'un livre?
    Je travaille volontiers sur commande. C'est le cas avec "Passer". Patrice Duret, du Miel de l'Ours, avait envie de travailler avec moi. Je me laisse ainsi porter par les circonstances. Une proposition provoque chez moi une rumination. "Comme du bois flotté" se compose de textes à la provenance diverse, réunis à l'incitation de Pascal Rebetez. J'ai ajouté certains personnages pour composer une sorte d'autobiographie éclatée. Réunissez tous les êtres, pourtant bien divers, qu'on retrouve dans ce livre et j'apparais. Fréhel, par exemple, illustre ma passion de la chanson réaliste. Je n'ai rien inventé dans cet ouvrage, même si un personnage constitue une fiction littéraire. 

    L'écrivain valaisan Vital Bender?
    Non! Cet écrivain totalement marginal, publiant à compte d'auteur avec le reste de son pauvre salaire d'ouvrier agricole bien existé. Il s'est suicidé en attendant sur la voie que le train veuille bien l'écraser. 

    Quand vous n'écrivez pas, vous enseignez. Quoi, au fait?
    Le français, la culture générale, la litérature et l'argumentation, que l'on aurait jadis appelé la dissertation. Je le fais à temps partiel. Je peux donc écrire tous les jours. Cela me calme. Cela me rassure. Je le fais dans un café, avec un petit ordinateur. Je ne suis pas un exhibitionniste de la création.

    Pratique

    Alain Bagnoud: "Comme un bois flotté dans une baie venteuse", aux Editions D'autre part, 130 pages, "Le lynx", aux Editions de l'Aire, 132 pages, "Passer", aux Editions Le Miel de l'Ours, 46 pages.