• Raymond Farquet 1930-2016

    L'écrivain Raymond Farquet est mort ce matin. Né en 1930, il a publié onze livres, pour la plupart aux Editions de L'Aire.  En hommage à cet auteur aîné et aimé, je republie ci-dessous le compte-rendu de son dernier livre,  Genève en fauteuil paru l'an passé aux éditions d'autre part.

      

     

     

    Raymond Farquet, Genève en fauteuilUn nouveau regard sur une ville ! Genève en fauteuil donne à Raymond Farquet l'occasion de changer complètement sa thématique et sa vision.

     

    Obsédé, comme plusieurs auteurs d'origine valaisanne, par son lieu de naissance (et votre serviteur bat aussi sa coulpe), Farquet a arpenté le Valais pendant des dizaines d'années pour le comprendre et en a tiré des livres qui tous, plus ou moins, interrogent et décrivent le canton aux treize étoiles qui s'offrait et se refusait à lui. Il a fallu les circonstances de la vie pour que d'autres sujets s'imposent à lui. Ces circonstances, ce sont le vieillissement et la perte d'autonomie.

     

    Ne pouvant plus se déplacer sur ses deux jambes, Farquet, à 85 ans, se retrouve en fauteuil roulant. Il y a de quoi voir le monde changer. Tout devient différent à cette hauteur.

     

    Féru d'indépendance, Farquet se prouve sa mobilité en prenant pour but le cimetière des rois, le passage Malbuisson, les rues basses ou une frontière du canton. Il rencontre des gens, avec qui la position fragile qu'il occupe lui permet un contact direct. Farquet est sensible aux faibles, aux étrangers, aux pauvres, aux délaissés, qu'il décrit comme des égaux, des frères.

     

    Un requérant d'asile africain tutsi lui parle de la guerre et la revit en petit avec un requérant hutu. Maurice le mendiant honnête lui répète les deux seules phrases qu'il connaît. Une joggeuse raconte ses aventures au vieil homme qui s'interroge sur ce qu'il croise en chemin, les bancs publics, l'UBS, le marché...

     

    Tout peut redevenir une surprise. L'accessibilité. L'autonomie. Le matériel... Ces redécouvertes sont jouissives - en tout cas relatées de façon jouissive, grâce à la vivacité de la langue de Farquet, à son sens de l'image, à sa pratique du raccourci. Nulle plainte dans ce livre, mais un étonnement fertile.

     

    Et de l'affection. Ce recueil plein de vie et de tendresse est aussi une déclaration d'amour pudique et touchante à la femme de l'écrivain. Vanna. L'indispensable Vanna qui hante ces pages comme une figure rayonnante, protectrice, aimante.

     



     

    Raymond Farquet, Genève en fauteuil, éditions d'autre part.