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Par Alain Bagnoud le 22 Avril 2007 à 10:16
Proust incite, en fait, à apprécier mieux la vie. A en tirer tous les petits plaisirs. A l'instar, par exemple, de la tante Léonie.
Elle a une existence diminuée, elle vit dans deux pièces, ne sort jamais, mais la visite dominicale d'Eulalie, la commère, est un tel plaisir qu'elle se sent mal au coup de sonnette s'il s'est trop fait attendre. Le moindre petit écart dans la mécanique du village, qu'elle observe par la fenêtre, est un événement. Madame Goupil est en retard pour la messe. Arrivera-t-elle avant l'élévation ? Un chien passe, et elle ne sait pas à qui il appartient. Il faut vite se renseigner. Discussions passionnées avec Françoise qu'elle envoie à l'épicerie acheter pour deux sous de sel, prétexte à la mission de rapporter l'éclaircissement.
Mais si Proust s'amuse un peu des manies et de la vie minuscule de Léonie, c'est toujours sans méchanceté, avec affection. Léonie est une sage, elle sait goûter toutes les saveurs de sa petite vie. Faire des moindres événements quelque chose d'excitant. Elle vit en fait avec intensité. Pour ceux qui en douteraient : « Trop prolongée, cette volupté d'attendre Eulalie tournait en supplice... » Volupté, supplice dans cette petite impatience. Qui fait mieux ?
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