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Par Alain Bagnoud le 14 Janvier 2010 à 12:02
C'est un type de trente ans, blond, viril, etc. Il veut être un homme, il se prend pour un homme. Il fuit, il a peur, il boit mais c'est un homme, lui. Les autres, les bourgeois qu'il rencontre dans cette petite ville où l'a mené son errance paniquée, ce sont des larves. Dans une boîte minable, il a levé une entraîneuse qui le suit, sans rien savoir de lui, sans qu'il soit attiré par elle, parce qu'il a besoin d'être aimé et admiré par quelqu'un.
Ça, c'est l'apparence. Ce qu'il croit. Ce qu'il aimerait être vrai. Mais il se raconte des histoires, et c'est ce que révèle petit à petit Simenon dans un lent dévoilement subtil.
Ce type est en fait un petit délinquant minable. Il a travaillé dans plusieurs endroits. Il arrive à attirer la confiance d'employeurs grâce à son bagout, mais au bout de quelque temps, il commet un petit quelque chose, abus de confiance, vol, qui est découvert et qui le fait prendre la fuite. Ce faux dur a presque réussi à être proxénète mais il a été chassé par le milieu qui l'a traité de demi-sel et l'a battu. Son dernier tour est d'avoir assommé et volé un homme dont il avait vu le portefeuille bien fourni dans une boîte de nuit. Mais il craint d'être repéré pour ce crime. Il fuit, se retrouve dans une petite ville.
Et tout se dérègle. Il découvre que la fille qui le suit n'est pas si minable, qu'elle l'a pris en pitié, qu'elle le manipule pour le sauver. C'est une ancienne actrice. Elle connaît sans le dire le tenancier de l'hôtel où ils échouent, un homme détaché de tout, qui était producteur de cinéma. Tous deux se liguent pour l'aider.
Et ça, il ne peut l'accepter. Ce qu'il ne supporte pas surtout, c'est de ne pas correspondre à l'image qu'il se faisait de lui. Un solitaire, qui dirige sa vie. Il veut en finir. Quand la police le repère, il médite son dernier acte de volonté, sa propre mort. Et même ça, ça échoue.
Portrait psychologique à petites touches, comme Simenon sait les construire, avec le suspense qui est celui du dévoilement d'un caractère, ce livre donne aussi ce qui fait également la force de notre auteur. Des ambiances, ici provinciales. La description d'une petite ville et de ses notables, qui ressemblent un peu à ceux qui peuplent, par exemple, Les Fantômes du Chapelier.
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