-
Montagne
Depuis Rousseau, suivi par les romantiques, on a une vision spirituelle de la montagne. Elle élève l’âme. Plus l’altitude augmente, plus les pensées se dématérialisent.
Ce détachement serein était peut-être au début un résultat du manque d’oxygène, si on me permet cette hypothèse matérialiste, terre à terre, démystificatrice. Il est devenu moral, religieux. L’alpe est loin des hommes et près de Dieu.
Le romantique peut s’y adonner à la rêverie et à la définition de son moi forcément contrasté, tourmenté comme le paysage, en même temps noir comme les forêts et lumineux comme le ciel, profond comme le précipice, tumultueux comme le torrent, dominant comme les cimes, encaissé comme le vallon. Il est chez lui dans la montagne, il est à l’intérieur de lui-même et il se parcourt et s’explore. Cette sensation exaltée et mélancolique de grandeur, d’insuffisance, d’espoir inatteignable et d’incomplétude ne peut mentir: le romantique se trouve en lui-même dans les hauteurs.
Ou en tout cas la part romantique de chacun d'entre nous. Moi, je grimpe ce week-end dans les hauteurs pour prendre un peu de hauteur. Et je me réjouis déjà de méditer au bord des trous.
-
Commentaires
comme un écho
Le grand instant était advenu Alors qu'il traversait le pont Au-dessus du fleuve Roulant sa froide caresse. Le défilé des rapides nuages En leur lointain Ouvraient des passages de félicité incongrue Des libertés asphyxiées. Il avait traversé tout l'univers Quand il posa le pied sur l'autre rive Un grand oiseau noir flotta Et son cri fendit tous les mondes Abattus. L'homme frappé s'agenouilla En pleurs et reconnut sa misère Jamais oubliée. Dans un dernier sursaut Il gravit la montagne sacrée Pour gagner l'apaisement Ou pour tomber dans quel dernier abîme.Suivre le flux RSS des commentaires
Ajouter un commentaire
Votre tableau me fait penser à Senancour, ses rêveries sur les paysages suisses me font penser aux vôtres. Bonne balade, Alain.