• Marcel Duchamp ou les Mystères de la Porte, de Philippe Renaud

    Marcel Duchamp ou les Mystères de la Porte, de Philippe Renaud, deuxième ouvrage publié par Les éditions Coaltar, sera verni ce jeudi 28 juin dès 18 h à la librairie Le Rameau d'or (17 boulevard Georges-Favon, Genève). Au menu : lectures, sons, images et verre de l'amitié.

    Une bonne occasion pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore de découvrir un petit livre subtil, ludique et érudit, et son auteur, écrivain, pataphysicien et ancien professeur à l'Université de Genève.

    Pilippe Renaud n'est pas un inconnu pour tous ceux qui ont fréquenté la faculté des lettres il y a quelques années. Chargé du Séminaire de littérature romande, qu'il a créé en 1970, il a été une porte d'entrée vers les écrivains de ce pays, et un éveilleur précieux. Ceux qui ont fréquenté son séminaire se rappellent par exemple qu'il demandait à ses élèves leur opinion sur les livres lus, et qu'il engageait des discussions avec eux sur leurs mérites, ce qui à l'époque était plus rare qu'une crête sur la tête d'un castor.

    Il a fait découvrir à ses élèves les auteurs suisses importants (Grisélidis Réal, Nicolas Bouvier ou Yves Velan, sur qui il a beaucoup travaillé...) Ami des créateurs et passionné par la langue, marié avec une novelliste et romancière (Odette Renaud-Vernet), il donnait à ses élèves l'envie d'écrire, ce qui est peut-être la plus belle chose que peut faire un professeur de français. Il a également participé à l’édition dans la Pléiade de Ramuz, en 2005, et publié sur cet auteur un livre de référence (Ramuz ou l'intensité d'en bas, Editions de l'Aire).

    Mais ses compétences ne se limitent pas à la littérature romande. Bon connaisseur des USA et du Canada, pays dans lesquels il a travaillé plusieurs années, Philippe Renaud est aussi un spécialiste d'Apollinaire ou de Michel Butor. Il a régulièrement publié des poèmes, des textes de critique et de fiction dans de nombreuses revues (La Revue de Belles-Lettres, Écriture, [vwa], Coaltar...).

    C'est donc à Duchamp que s'attaque ici Renaud, et plus particulièrement aux portes dans l'œuvre du plasticien. Présentation du livre par l'éditeur :

    " « Rabelais et Jarry sont mes dieux », affirmait Marcel Duchamp. Comme eux, il considère que tout ce qui est humain doit trouver son expression artistique, du torchecul de Gargantua au subtil symbolisme architectural de l'abbaye de Thélème, de la grossière lâcheté ubuesque aux Spéculations les plus désintéressées du Dr Faustroll, inventeur de la 'pataphysique. De celle-ci, Marcel Duchamp, Porte, 11, Rue Larrey, 1927Duchamp fut un adepte éminent. "

    Sur les traces de cet adepte éminent, notre auteur pataphysicien s'intéresse d'abord à une porte du 11, rue Larrey à Paris dans le Ve arrondissement, un petit appartement où Duchamp vivait et qui lui servait également d'atelier. Comme l'artiste venait de se marier avec Lydie Sarazin-Levassor, il a réalisé et installé en 1927 cette porte qui fermait soit l’atelier, soit la salle de bains, ou pouvait rester ouverte entre les deux pièces. C'était un ready-made pratique, qui a précédé la fameuse roue de bicyclette de quelques années, et qui a aussi fini dans un musée.

    Philippe Renaud prend également pour sujet une autre porte, célébrissime celle-là. Celle de  Étant donnés : 1° la chute d’eau / 2° le gaz d’éclairage installée au Philadelphia Museum depuis 1969, et qui transforme le spectateur en voyeur. A travers deux petits trous percés dans une porte à la hauteur des yeux, il peut apercevoir un corps de femme nu dans un paysage, au visage invisible mais jambes écartées...

    Les spéculations fureteuses et illustrées de Philippe Renaud sur ces objets sont passionnantes et savoureuses. Marcel Duchamp ou les Mystères de la Porte est en tout à l'image de son auteur : intelligent, savant, joueur et inventif.

    Ceux qui ne le connaissent pas pourront le vérifier ce jeudi à 18 h.



    28 juin, 18 h, librairie Le Rameau d'or, 17 boulevard Georges-Favon, Genève