• Les poupées du froid, par Jean Winiger (suite et fin)

    Encore Jean Winiger. C'est que j'ai relu son livre et qu'il ne me sort pas de la cervelle. Cette somptueuse construction littéraire qui rumine sur quelques thèmes forts et joue sur le contraste entre une langue royale et des scènes volontiers choquantes...
    Le personnage principal du livre, on l'a vu, est appelé le Président. Par ironie. C'est un jeune homme issu d'une lignée de maires, qui est en quelque sorte destiné lui aussi à cette fonction.
    C'est en tout cas ce que pense le curé. Le seul qui se préoccupe de ce qui peut advenir dans ce village figé par le froid, et Mélanie Winiger, ex-miss Suisse, n'a aucun, mais alors aucun rapport avec Jean Winiger !retournant rapidement vers la sauvagerie. Le seul qui essaie de lutter, de sauver le reste de civilisation qui peut l'être. Civilisation incarnée ici par l'église, seule structure qui existe encore et relie ces gens à une culture et à un passé. Une église désertée. Une église dans laquelle on surprend justement le curé dans des exercices spirituels bizarres, à genoux devant l'autel,  les bras étendus, une Bible sur chaque main, et observé par un bouc aux yeux de feu.
    Le surnaturel est là. Le mal est partout. Chez Jean Winiger, l'enfer est de glace. 
    Et le curé de compter sur le président, donc. Sur l'autre instance d'organisation, qui peut imposer un embryon de résistance et de fraternité. Il le pousse à agir. Mais le jeune homme ne peut pas, ou ne veut pas. C'est un fin de race. Velléitaire. Malgré tout, il représente une menace. Assez importante pour que, à la fin... 
    Non, je ne vous donnerai pas la fin. Même si ce n'est pas exactement ici d'un thriller dont on parle, mais d'un texte singulier, avec une intensité littéraire rare. Souvenez-vous du début.