• Les nerveux

                          Jeune homme à sa fenêtre par Gustave Caillebotte
    « Supportez d'être appelée une nerveuse. Vous appartenez à cette famille magnifique et lamentable qui est le sel de la terre. Tout ce que nous connaissons de grand nous vient des nerveux. Ce sont eux et non pas d'autres qui ont fondé les religions et composé les chefs-d'œuvre. »
    Cette explication du docteur Du Boulbon à la grand'mère du narrateur, dans Le côté de Guermantes, est devenue incompréhensible si on ne se rappelle pas la théorie des tempéraments d'Hippocrate. Le grand médecin séparait les hommes en lymphatiques, sanguins, bilieux et nerveux ( (Sources ici.)
    Chaque tempérament est lié à un élément, La terre (pour le nerveux), le feu (le bilieux), l'air (le sanguin) et l'eau (le lymphatique).
    Le nerveux  a le front ridé, connaît l'angoisse, l'inquiétude, la peur vit complètement dans sa tête et ne jouit pas de son corps. Je cite la suite : 
    « Il ne s'engage pas, ne peut passer à l'acte. angoisse permanente qui l'habite ; doit se protéger ; sentiment de peur de plein de choses (notamment peur des gens) : l'extérieur est toujours perçu comme agressif. A un besoin immense de sécurité sur tous les plans. Méticuleux : si quelque chose est dérangée = angoisse.
     « Peut fonctionner comme un dilaté (L/S) mais dans un univers réduit. Brûle ses réserves, presque gêné par son corps ; se met à part du groupe. 
     « Suiveur : ne prend pas véritablement d'initiative, n'arrive pas à se décider.   « S'épuise sur le plan nerveux : épuise son mental parce qu'il n'a jamais de réponse = jamais satisfait des réponses : il y a toujours un "oui, mais ...". Remet en cause, toujours besoin de décortiquer. Analyse à l'extrême, pose sans cesse des questions, décortique tout. Oui et non, bien et mal : toujours dans dualité.
     « Quelque chose qui se finit est une véritable mort. Le monde est trop dur, c'est pénible la vie ; il crée deux univers, et séparer ses univers pour s'y retrouver ; côté obsessionnel ; il est distant, ne va jamais vers l'autre ; il souffre de l'autre, le fuit. »
    Bon, j'ai respecté le texte originel  malgré sa syntaxe, parce que les éléments sont assez intéressants pour les proustiens, non ?
    C'est un peu le portrait du narrateur de la Recherche.