• Les larmes de ma mère, par Michel Layaz

    Les larmes de ma mère est un récit d'enfance d'une grande sensibilité.
    Il n'y a pas vraiment d'histoire mais des scènes liées thématiquement, organisées entre elles par une composition organique. Structurées autour d'objets tirés de l'appartement parental. Voiture, statue, mouchoir en tissu, maquettes. Scènes au passé qui alternent avec d'autres au présent, s'adressant à une femme qui semble en fait l'antithèse de la mère, une créature féroce, charmeuse, dure, annexionniste, castratrice...
    Tout part du fait que celle-ci a pleuré le jour de la naissance du narrateur. C'est le troisième enfant. Il a deux frères, deux petites brutes. Deux garçons normaux, en fait, mais qui tranchent sur l'émotivité maladive du plus jeune. Lequel n'est pas ce que la mère voudrait. Après deux garçons, évidemment... Elle aimerait qu'il porte les cheveux longs, elle lui met une robe et des escarpins de petite fille.
    Mais ce n'est pas si simple non plus. Il y a dans le personnage de la mère et dans sa relation au fils un refus et un mystère. Un mystère que le narrateur grandi examine et tente d'élucider, sans réussir à éclairer définitivement les greniers du passé, où subsiste la part d'ombre et l'énigme nécessaire de toute existence. 
    Tout ça est fait d'une écriture très belle. Précise, évitant le pathos et, dans sa retenue, laissant s'épandre une infinie réceptivité aux choses.
    Un livre qui vient de sortir en poche aux éditions Points Seuil.