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    Cinq nouvelles inédites de Monique Saint-Hélier. C'est un événement. D'autant plus que ce sont les derniers inédits de cette grande écrivaine.

    Qui ça ? Monique Saint-Hélier.

    Vous n'en avez que vaguement entendu parler ?

    « Monique Saint-Hélier, née Berthe Briod, est le pseudonyme de Berthe Eimann-Briod, écrivaine suisse romande, née à La Chaux-de-Fonds le 2 septembre 1895, morte à Pacy-sur-Eure (27), le 9 mars 1955 » écrit Wikipédia qui ne donne aucun autre détail sur cet auteur profondément original et novateur,

    C'est qu'elle avait quelques désavantages pour occuper une place dans le monde littéraire. Elle était femme, suissesse, malade. Mais s'il y avait une justice, on trouverait Monique Saint-Hélier dans tous les manuels de littérature du XXème siècle. 

    Ses romans qui constituent le cycle des Aléracs (Bois-mort (1934), Le cavalier de paille (1936), Le martin-pêcheur (1953) et L’arrosoir rouge (1955), tous publiés par Grasset) ont obtenu un grand succès et déclenché des polémiques littéraires. Certains lecteurs conquis la comparaient à Katherine Mansfield ou Rosamond Lehmann. 

    « Comme elles – et comme Proust aussi d’ailleurs – elle soumet son lecteur à une espèce d’envoûtement, écrit Régis Messac en analysant Le Cavalier de paille dans Les Primaires en février 1937. Une fois qu’on est pris par son charme, on ne peut plus s’arracher à cet univers étrange, pathétique, bouleversant, gonflé d’appels déchirants et traversés de visions radieuses ou cauchemardesques. »

    st_helier_oiseaux.gifD'autres lecteurs, moins raffinés peut-être, n'y comprenaient rien, perdaient leurs repères et étaient agacés. Le cadre, la temporalité, l'onomastique des romans sont volontairement brouillés. Le cycle a pour décor la ville de La Chaux-de-Fonds, ce qui n'est pas évident à saisir. Les noms, par exemple, mêlent patronymes anglais et français.

    De plus, Monique Saint-Hélier ne raconte pas linéairement cette histoire familiale menacée. Son texte est allusif, fragmenté. Il change souvent de points de vue, fait alterner des discours indirects libres, saute d'un niveau de narration à un autrer. On a parfois vu en elle un précurseur du Nouveau Roman.

    Les nouvelles publiés dans Les Oiseaux du matin sont issues de ce cycle des Alérac. Suite à la décision de Grasset de réduire le projet original proposé par l'auteur, certains fragments sacrifiés se sont transformés en récits autonomes qu'on retrouve ici. On y rencontre les personnages, les ambiances, les décors et le style des romans, parfois poussé dans une direction originale. Les textes sont suivis d'une excellente préface de Stefana Squatrito qui les replace dans leur contexte, les analyse et donne l'occasion de s'approcher de cette œuvre et de cette écrivaine singulière.

    « Née à La Chaux-de-Fonds en 1895, écrit Bibliomédia.ch, elle fait des études de médecine, puis de lettres, à Lausanne et à Berne où elle épouse Blaise Briod en 1917. Deux ans plus tard, elle est contrainte d’interrompre ses études à la suite d’une intervention chirurgicale qui l’immobilise durant trois ans dans une clinique. En 1926, elle part avec son époux pour Paris où ce dernier est nommé à l’Institut international de coopération intellectuelle de la Société des Nations. Dans la capitale française, elle tombe à nouveau gravement malade et est obligée de garder la chaise roulante jusqu’à sa mort. Elle décide alors de se mettre à écrire et de rassembler ses rêves et ses souvenirs du Jura neuchâtelois, afin d’y puiser les matériaux de son univers imaginaire. »

     

    Monique Saint-Hélier, Les Oiseaux du matin et autres nouvelles inédites, Éditions de l'Aire





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