• Le Sphinx de Sibérie, par Robert Littell

    Quand on parle de filiations littéraires, c'est généralement à cause du style ou des thèmes. Ou de l'amitié entre deux générations. Ou de l'admiration que le plus jeune porte au plus âgé.
    Ici, c'est autre chose. Le sang. Lire le père à cause du fils. Ça m'est arrivé à deux occasions. Pour Kinsley Amis, jadis, à cause de Martin. Pour Robert aujourd'hui, à cause de Jonathan Littell. Une manière de voir si les œuvres ont des points communs.
    Un bon exemple, les Littell. Le Sphinx de Sibérie, par Robert, a peu de choses à voir avec Les Bienveillantes de Jonathan. Le papa était journaliste, semble-t-il, spécialiste des relations URSS-USA.
    Il suit un professeur de chaos venu de Saint-Pétersbourg dans un institut près de New York. Une manière de se moquer des clichés que chaque côté se fait sur l'autre.
    Robert Littell est plein de fantaisie et il met son spécialiste russe dans des situations cocasses et fertiles. Le prof devient amant d'une jeune coiffeuse fumeuse de pétards qui s'appelle Pluie Occasionnelle. Colocataire d'un rabbin lubrique et sage. Subitement célèbre à cause d'une participation à une manifestation citoyenne. Collaborateur de la police dans une série de crimes en série (il résout l'affaire grâce à un algorithme sur le hasard). Convoité à cause de son logiciel par les services secrets et les mafias du monde entier.
    Et toujours en train de se demander si un hasard pur et inaltéré peut révéler l'existence de Dieu au milieu du chaos organisé qui est la règle de l'univers.