"Au fond, les deux sont faits du même cuivre. Le langage qu'on parle, c'est le
chaudron. Ce qu'on écrit, c'est le clairon ou la cloche. C'est le moment où le cuivre s'éveille clairon. La plus grande joie de ma vie, c'est la mort de l'abbé Bandy dans « les Vies minuscules ». Là, c'était les trompettes d'« Aïda ». Au fond, j'ai eu beaucoup de ces moments de joie, mais ça fait quand même court. C'est pourquoi mes modèles fantasmatiques sont des cavaliers lourds. Hugo ou Faulkner. Ils écrivent comme des machines, et ils sont en phase avec leur temps. Le texte qui leur fait plaisir est le texte qui passe dans leur temps. Le mien est décalé. Je ne sais pas où il est."
Pierre Michon
Entretien avec Didier Jacob