• Le cabaret de la belle femme, par Roland Dorgelès

                      Coucher de soleil sur l'Adriatique, par Boronali
                                    Coucher de soleil sur l'Adriatique, par Boronali
    Roland Dorgelès a gardé une certaine réputation. C'est lui qui, au Lapin agile jadis, a attaché un pinceau à la queue de l'âne du patron, qui a ainsi peint un tableau intitulé Coucher de soleil sur l'Adriatique signé Boronali (anagramme d'Aliboron) et exposé au Salon des indépendants de 1910.

    Mais Dorg
    elès a aussi écrit de nombreux livres. Il a notamment connu le succès avec un prix Fémina attribué à son roman Les croix de bois qui parle de la première guerre mondiale. Roman qui a obtenu également 4 voix au Goncourt, mais les jurés lui ont finalement préféré A l'ombre des jeunes filles en fleurs, de Marcel Proust.
    Ce n'est pas ce texte Fémina que j'ai lu, mais Le cabaret de la belle femme, trouvé au hasard d'un séjour en montagne, dans une bibliothèque abandonnée.
    Des souvenirs de guerre. Des épisodes un peu discontinus, où reviennent les mêmes personnages, avant qu'ils ne meurent dans une attaque. Un soldat ruse avec son officier pour ne pas se faire couper les cheveux. Les campagnardes et les commerçantes inspirent des rêves lubriques ou romantiques aux hommes de troupe. Le Cabaret de la belle femme suscite les vocations des volontaires chargés d'y aller en patrouille mais se révèle une ruine au toit crevé. Etc.
    C'est un peu languissant, pas du tout contestataire. Les soldats se sont engagés avec passion, puis il tentent de survivre et de se planquer, la plupart d'entre eux meurent mais personne ne dénonce l'absurdité de cette boucherie. Ils regardent les étoiles pendant les gardes en rêvant à leurs petites copines et quand il s'agit de se battre, c'est une confusion brutale.
    Dorgelès a du métier, du savoir-faire. Mais son livre est un peu décevant parce qu'on s'attend à ce qu'il tire de ce théâtre des scènes fortes. Ça reste en tonalité mineure. Nostalgique et sentimental.