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Le cabaret de la belle femme, par Roland Dorgelès
Par
Alain Bagnoud dans
Lectures le
2 Septembre 2008 à 08:59
Coucher de soleil sur l'Adriatique, par Boronali
Roland
Dorgelès a gardé une certaine réputation. C'est
lui qui, au Lapin agile jadis, a attaché un pinceau à
la queue de l'âne du patron, qui a ainsi peint un tableau
intitulé Coucher de soleil sur l'Adriatique signé Boronali (anagramme d'Aliboron) et exposé au Salon des
indépendants de 1910.
Mais Dorgelès
a aussi écrit de nombreux livres. Il a notamment connu le
succès avec un prix Fémina attribué à son
roman Les croix de bois qui parle de la première guerre
mondiale. Roman qui a obtenu également 4 voix au Goncourt,
mais les jurés lui ont finalement préféré
A l'ombre des jeunes filles en fleurs, de Marcel Proust.
Ce n'est pas ce texte Fémina que
j'ai lu, mais Le cabaret de la belle femme, trouvé au
hasard d'un séjour en montagne, dans une bibliothèque
abandonnée.
Des souvenirs de guerre. Des épisodes
un peu discontinus, où reviennent les mêmes personnages,
avant qu'ils ne meurent dans une attaque. Un soldat ruse avec son
officier pour ne pas se faire couper les cheveux. Les campagnardes et
les commerçantes inspirent des rêves lubriques ou
romantiques aux hommes de troupe. Le Cabaret de la belle femme
suscite les vocations des volontaires chargés d'y aller en
patrouille mais se révèle une ruine au toit crevé.
Etc.
C'est un peu languissant, pas du tout
contestataire. Les soldats se sont engagés avec passion, puis
il tentent de survivre et de se planquer, la plupart d'entre eux
meurent mais personne ne dénonce l'absurdité de cette
boucherie. Ils regardent les étoiles pendant les gardes en
rêvant à leurs petites copines et quand il s'agit de se
battre, c'est une confusion brutale.
Dorgelès a du métier, du
savoir-faire. Mais son livre est un peu décevant parce qu'on
s'attend à ce qu'il tire de ce théâtre des scènes
fortes. Ça reste en tonalité mineure. Nostalgique et
sentimental.