• La place, par Annie Ernaux

    Annie ErnauxC'est le premier livre de Annie Ernaux que je lis, malgré la notoriété de l'auteur. Mais probablement pas le dernier.
    La place. Prix Renaudot en 1984. Grosses ventes, popularisation de l'auteur. Beaucoup de succès à juste titre pour ce texte sobre, dense, allusif, elliptique.
    Annie Ernaux y parle de son père, mais le thème principal est le changement de classe sociale, les blessures qui y sont liées, ce qu'on laisse et ce qu'on emmène avec soi dans cette transformation.
    Le grand-père était paysan sans terre, parlait patois et travaillait comme ouvrier agricole. Le père progresse socialement. Retiré de l'école à 12 ans, il est placé dans les fermes puis l'armée le libère de cette sujétion. Au retour, il refuse le destin de valet qui l'attendait, travaille à l'usine, économise et devient commerçant. Il achète une épicerie-café dans un ghetto ouvrier d'abord, puis dans un quartier d'Yvetot.
    La fille pousse cette ascension sociale. Elle étudie les lettres modernes à l'université et la voici professeur. C'est le récit des épreuves pratiques du Capes qui ouvre le livre, suivi immédiatement par la mort du père : accession à la bourgeoisie et disparition du maillon des petites gens. Une disparition qui va, paradoxalement, replacer Annie Ernaux devant son histoire propre, dont elle a fait ensuite la matière de son œuvre.
    Elle vient d'ailleurs de sortir un livre dont on dit le plus grand bien. Autobiographique, bien sûr. Les années. « Une autobiographie impersonnelle et fascinante où Annie Ernaux tient la chronique de son xxe siècle. » (L'Express 

    Annie Ernaux, La place, Folio