• L'Art Brut et le pays du soleil levant

    Affiche de l'exposition L'Art Brut et le pays du soleil levantOr donc (« Commencer sa phrase par « Or donc » n'est pas sans conséquence. Tout d'abord prouver que vous maîtrisez la causalité de la chose, ce qui vous fera passer, dans le meilleur des cas, pour un amoureux des formules de conséquences (famille extrêmement réduite pour d'évidentes raisons de temps à perdre). Dans le pire des cas, vous passerez pour un loser persuadé d'atteindre au zénith de la langue en utilisant cette formule à la fois surannée, lourde et moche. » - Delacasa Boombox)...
    Or donc, j'étais il y a quelques jours à la Collection de l'Art Brut (voir ici) pour une exposition temporaire sur le Japon. L'Art Brut et le pays du soleil levant. 12 créateurs japonais dont le profil correspond assez à ceux des Occidentaux qu'on trouve dans la collection permanente. Des autistes, des handicapés mentaux, des marginaux, des exclus. La centaine d'œuvres est accompagnée par 9 documentaires d'un quart d'heure chacun, consacrés à certains des exposants.
    Eijiro MiyamaDeux choses frappent. D'abord la diversité de ces productions. Des exemples. Hidenori Mottooka (1978) aligne des locomotives dessinées de face en les compressant pour que toutes aient leur place sur la feuille qu'il choisit. Eijiro Miyama (1934) ressent une intense satisfaction à se promener le samedi et le dimanche dans le quartier chinois de Yokohama avec des chapeaux faits de gobelets de nouilles, de jouets, d'objets récupérés. Moriya Kishaba (1979) couvre des feuilles de minuscules idéogrammes qu'il ne comprend pas.
    Ensuite, ce qui est notable, c'est que ces créateurs ne sont pas vraiment influencés par la culture japonaise. Il y a bien les idéogrammes mais pour le reste, on ne se retrouve pas inséré dans une tradition et des références. Vous verriez ces images sans savoir d'où elles viennent, vous auriez de la peine à en situer la plupart géographiquement.
    Je cite le catalogue : « Face à cette société hyperperformante et compétitive, l'inventivité de ces auteurs autodidactes se développe à la faveur d'un processus primaire et pulsionnel, déployant une expression archaïque qui dote les œuvres d'une portée universelle. »
    Ce qui, entre parenthèses, pourrait s'appliquer à tous les artistes de l'Art Brut.
     

    Collection de l'Art Brut, 11 av de Bergières, Lausanne, jusqu'au 20 juillet 2008