• Epiphaneia, par Oskar Gomez Mata et la compagnie L'Alakran

    Il m'est venu hier soir une idée, alors que j'assistais au spectacle Epiphaneia d'Oskar Gómez Mata : pourquoi est-ce que je ne parlerais pas de théâtre sur ce blog ? Après tout, je suis aussi incompétent sur ce sujet que sur les autres !
    Donc Epiphaneia. C'est la première fois que je vois le travail de Gómez Mata, personnage dont je ne sais d'ailleurs rien. Sinon qu'on l'a aperçu, avant le spectacle, juché sur une scène face au public qui attendait l'ouverture des portes, en train d'expliquer qu'il avait piqué tout ce qu'il y avait dans la pièce à d'autres spectacles.
    Il a ses fans. Des gens que je connaissais me prévenaient (toujours avant l'ouverture des portes) : « C'est un génie ! » Ou alors : « Il est complètement fou ! » Ou encore : « Il ne faut pas t'attendre à du théâtre, plutôt à une performance. »
    Effectivement, c'est assez décousu. Mais très drôle souvent. On teste l'absence du sens de la vue, on essaie de faire tenir une boule en équilibre sur un souffle d'air, on regarde des acteurs survoltés faire des sketchs sur le thème de la disparition. Avec quelques sujets qui reviennent. Je cite. « Perdre du poids/Considérer notre futur comme passé/Perdre du poids/Considérer sa propre disparition comme quelque chose d'inéluctable/D'étonnamment agréable/Aller vers l'avant/L'avant/Perdre du poids/AVANCER/Perde du poids/ Avancer. Perdre le poids du passé et du futur et faire du présent un présent absolu. » C'est le programme (ou la déclaration d'intention).
    Bref, on s'amuse bien, on s'émeut parfois, on s'interroge. Ça tient le coup presque jusqu'à la fin. Mais soudain, Gómez Mata veut faire faire l'éléphant au public. Vous savez, ce truc inspiré d'un Polonais qui se pratique dans tous les cours élémentaires de théâtre : on bande les yeux d'un groupe, on le met en file indienne, les mains sur les épaules du précédent, et on le balade. Là, il nous entraîne tout autour du théâtre, du sous-sol au 2ème étage. C'est très long, et c'est très con. On a compris au bout de 2 minutes, on ne s'amuse plus du tout. Ça se finit par une méditation bidon. Dommage, cette fin ! J'avais trouvé le spectacle alléchant jusque là.
    Le Grütli, d'ailleurs, j'aime bien ce qui s'y passe maintenant. La nouvelle direction réinvente un peu le théâtre, mais c'est ce qu'il faut faire de temps en temps. J'ai aimé leur Playstation penthésilée XY, d'après Heinrich von Kleist. Penthisélée, la reine des Amazones, contre Achile (l'excellent Pierre-Isaïe Duc). C'était très tendu, très sensuel, très plastique. Je me suis amusé au Concours Electre, où le public choisissait comme à Star Ac une version de l'histoire d'Eclectre qui serait montée plus tard. J'ai été intéressé par Les Perses, d'Eschyle, où quelques acteurs professionnels et 150 figurants interrogeaient la démocratie et la pédagogie au théâtre. La suite aussi promet. (Le Grütli, rue Général-Dufour 16, Genève, http://www.grutli.ch/.)