• Balzac, La Cousine Bette

     Cristofano Allori, T'ete d'une femmeBalzac pendant les vacances, ça s’imposait. Quoiqu’il faille être dans une sorte de schadenfreude pour apprécier à sa juste mesure La Cousine Bette. (1846).

    C'est un de ses deux derniers grands romans, avec Le Cousin Pons. Un roman écrit comme un feuilleton, qui a replacé Balzac dans le succès, alors qu'à l'époque, on le disait fini.

    Il avait 47 ans, il vivrait encore 3 ans. Les critiques le comptaient parmi les anciens, détrônés par George Sand et Alexandre Dumas. Le public l'avait oublié. Le grand triomphateur de l'époque était Eugène Sue, feuilletoniste des Mystères de Paris.

    En plus, Balzac était malade. Des problèmes cardiaques, que ne résolvaient pas les quantités énormes de café qu'il avait absorbées pendant quinze ans pour écrire La Comédie humaine et qu'il continuait à prendre pour faire La Cousine Bette. Il était harcelé comme toujours par ses dettes, et faisait comme d'habitude de mauvaises affaires dans les bric-à-brac, achetant des bibelots rares et des tableaux de maîtres douteux, refusant par exemple de croire que le Raphaël qu'il avait acquis était en fait du pinceau de Cristofano Allori!

    Sa situation familiale n'était pas meilleure. Il avait perdu sa complicité avec sa sœur Laure, était toujours persécuté par sa mère. Elle ne l'aimait pas, méprisait ses livres, lui réclamait des rentes. Enfin, Mme Hanska, la grande dame polonaise riche qu'il voulait épouser pour se débarrasser de tous ses problèmes et « devenir enfin grand » soufflait le chaud et le froid, se méfiait, le tourmentait. Il n'arrivait pas à la faire plier.

    Depuis trois ans, il n'avait plus produit un roman original. Seulement des suites ou des ébauches qui ne menaient à rien. Et soudain, il y a ce surgissement comme un bouquet d'artifice final: Les Parents pauvres. La Cousine Bette, Le Cousin Pons. Pourquoi? Comment?

    Selon Anne-Marie Meininger, dans sa préface de la Pléiade, tout a été provoqué par le succès de L'Instruction criminelle, troisième partie de Splendeurs et misères des courtisanes. Elle paraissait dans le Constitutionnel en feuilleton et était un succès. Véron, le commanditaire, demanda donc à Balzac « autant de feuilles que je pourrai en faire », écrit-il.

    Du coup, le retour de la faveur populaire a fait enfler le texte de ce qui devait n'être qu’une nouvelle. Et voilà comment naissent les chefs-d'oeuvre!