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Amos Oz, Jusqu'à la mort
Jusqu'à la mort se compose en fait de deux longues nouvelles. La première se passe en 1095. La femme de Guillaume de Touron est morte, et c'est pour cette raison, entre autres, qu'il décide de partir en croisade.
Il réunit donc une petite trouve qui se met en route. Elle n'atteindra jamais Jérusalem. L'hiver l'arrête dans un couvent abandonné à cause de la peste. Là, les croisés meurent de froid, de faim, de folie, se perdent dans la neige en fuyant...
Mais entre temps, ils ont tué des Juifs. Tous ceux qu'ils rencontraient: marchand isolé, villageois qu'on torture et dont on brûle les villages et les livres sacrés...
Pourtant ça ne sert à rien. Si tout va mal, si l'expédition se délite, c'est, savent-ils, qu'il y a un Juif caché parmi eux. Les croisés s'épient pour le démasquer. En vain. Le Juif, en fait, est en eux.
C'est ce que découvre enfin Guillaume de Touron. Pour tuer ce Juif qui le persécute, qui le perd, il finit par se traverser le corps de sa lance.
Tout autre chose dans la deuxième nouvelle, Un amour tardif, qui se passe à la fin des années 1960. Le texte est sous la forme d'une lettre. On ne devine son destinataire que tout à la fin. Il faut dire qu'il a changé en cours de rédaction.
Son auteur est un ancien commissaire adjoint en URSS au début des années 20. Chraga Unger est devenu conférencier en Israël. Il va d'un kibboutz à l'autre pour dénoncer le double antisémitisme russe, populaire et officiel. Malade de peur, de solitude et de paranoïa, il attend l'arrivée des soviétiques qui vont envahir Israël par la mer...
Ces deux longues nouvelles sont liées, malgré leurs sujets différents. Elles se répondent. Ecrites dans une langue dépouillée et forte, elles traitent toutes deux de la mort, de la haine, du racisme, de la peur de l'autre, du fanatisme et de la solitude. On n'en sort pas indemne.Amos Oz, Jusqu'à la mort, Point seuil