• L'Inadapté, par François Beuchat

    Il y a quelque chose de fascinant et quelque chose d'agaçant dans les proses de François Beuchat.
    François BeuchatCe qui est fascinant : la phrase, la beauté de la langue, la nostalgie poétique, un côté proustien dans la reconstitution du passé.
    Reconstitution fragmentée chez Beuchat, dont tous les textes sont les facettes sauvées d'un miroir enfoui, une suite de moments discontinus, privilégiés, éléments d'une globalité qui se perçoit dans l'avance en pointillé d'une œuvre perpétuelle et inachevable.
    Ce qui est agaçant : les trucs, les ficelles inutiles.
    Beuchat veut à toute force boucler chaque petite prose, en faire quelque chose de circulaire, une miniature close. Ça l'amène par exemple à des répétitions systématiques de phrases pour finir ses textes, pour leur donner une conclusion et comme une sorte de chute. Une coquetterie qui fait, à la longue, monter l'exaspération du lecteur.
    Comme si Beuchat n'avait pas assez confiance en la force de son écriture et devait recourir à des afféteries, à des procédés systématiques pour donner une forme plaisante à ses fragments.
    C'est une analyse fausse : son écriture est magnifique et n'a besoin d'aucun soutien artificiel pour que son charme et son pouvoir de résurrection opèrent.

    (François Beuchat, L'Inadapté, Editions D'autre Part)