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Impressions d'un lecteur à Lausanne, par Jean-Louis Kuffer
Par
Alain Bagnoud dans
Lectures le
8 Juin 2007 à 08:56
Jean.Louis Kuffer est un immense lecteur. On le savait attentif à tout ce qui se passe ailleurs et ici. Les Impressions d'un lecteur à Lausanne prouveraient son implication dans les littératures de chez nous, s'il était nécessaire.
Jean-Louis Kuffer y a en effet entrepris de parler de tout ce qui tourne autour de Lausanne littérairement. Imprimerie, édition, écriture, écrivains, depuis les grands hommes qui ont passé dans la ville (Voltaire, Gibbon, Hugo...) jusqu'aux auteurs dont le rayonnement est resté plus local (Juste Olivier, le Doyen Bridel...) Ce livre qui se place sous le patronage des Impressions d'un passant à Lausanne, de Charles-Albert Cingria, donne donc un vaste panorama passionnant, qui suit trois veines.
La veine historique d'abord. Des premiers textes publiés (des écrits de « prélats catholiques de passage dans la ville épiscopale, comme il en va d'un Antitus ou d'un Martin Le Franc, dont les œuvres émargent de près ou de loin à la littérature édifiante ou divertissante de l'époque ») à l'époque actuelle et même future : des projections sur ce que sera l'édition romande dans quinze ans.
Deuxième veine, il y a aussi dans le livre une analyse de l'âme romande. Telle que l'ont formée les circonstances particulières, historiques et religieuses. Telle que l'ont critiquée aussi Henri-Frédéric Amiel, lequel voyait dans les Vaudois « pesanteur, profondeur, rêverie, défiance, sauvagerie... », ou Etienne Barilier, dans son pamphlet Soyons médiocre. Ce pamphlet qui a fait tant de bruit lors de sa parution accusait les Romands d'accueillir toute création littéraire avec une « vigilante apathie », et citait par exemple comme devise de l'écrivain romand idéal ce vers de Jaccottet : « L'effacement soit ma façon de resplendir ».
Et enfin, troisième veine : un point de vue personnel et critique. Subjectif, forcément subjectif. C'est ce qu'on demande à ce type d'ouvrage pour qu'il soit vivant. Une vision, un point de vue, le regard d'un écrivain sur ses pairs et compagnons de route. Regard qui passe par quelques critiques d'auteurs que Kuffer pense surévalués (Ivan Farron ou Noëlle Revaz) et par les éloges à celles et ceux qui font œuvre originale et forte (Pascale Kramer, par exemple, ou Anne-Lou Steininger).
L'ouvrage est suivi d'un délicieux abécédaire. Qui part d'Adolphe, finit à Vorace et est composé avec la rigueur teintée de fantaisie qui mène tout l'ouvrage.
Kuffer, justement sera à Morges demain. A La librairie Sylviane Friederich, rue des fossés 2, avec quelques amis. Rafik Ben Salah, Asa Lanova, Janine Massard, Antonin Moeri, Jean-Michel Olivier et Pierre-Yves Lador. Que du beau linge. Dans un décor, en plus, qui rendra hommage à Horst Tappe en exposant un choix de ses photographies consacrées aux auteurs romands. Une bonne occasion pour vivre un moment littéraire, rencontrer des écrivains, parler de livres et d'auteurs, qu'ils soient dans les Impressions ou pas : Kuffer a tout lu.
Et bien entendu, on n'oublie pas de visiter les carnets de JLK, son blog, un des plus riches du web en ce qui concerne la littérature. (Et de lire un entretien de Serge Molla avec Kuffer sur les Impressions d'un lecteur à Lausanne, que Bona a repris sur son blog, Et si la beauté...)