• Comment vendre des livres

    J'ai  donc signé au Salon du livre. L'occasion de riches rencontres. Des lecteurs, des auteurs, des blogueurs (JLK, Calamity, Joël).
    Le reste du temps, j'étais assis derrière une pile en regardant les gens passer.
    Mais ce n'était pas inutile. J'ai appris quelque chose.
    Il y avait à côté de moi une femme qui travaille dans la communication, et a créé son entreprise. C'était son premier livre, un roman. De la chick litt, je crois, si j'ai bien compris. Eh bien, je dois dire que c'était une réussite !
    Ecrivaine, vue par galienniD'abord dans la manière de capter l'attention des passantes (car c'était son créneau). « Bonjour ! » Une voix grave, sensuelle, où on percevait en même temps de la chaleur et du respect. Si on lui répondait, on était cuit  : « Est-ce que vous aimeriez découvrir un livre amusant ? » C'était le sien. A celles qui hésitaient : « Un livre écrit par une femme, pour des femmes. Lisez au moins le quatrième de couverture ! »
    D'un geste de prestidigitateur, elle retournait un exemplaire, le mettait dans les mains de la cliente. Mais quand celle-ci, après avoir parcouru le petit texte de présentation, voulait rendre l'ouvrage, l'écrivaine (ici, le mot est de circonstance) se contentait de la fixer en souriant et n'esquissait pas le moindre geste pour le reprendre. Elle indiquait clairement que l'affaire était faite et plaçait les derniers arguments, une manière, me semblait-il, de consoler la cliente qui s'était fait piéger : « Vous verrez, c'est très drôle, vous allez passer une bonne soirée, oublier vos ennuis... »
    Embarrassé, l'exemplaire dans les mains, la passante finissait par acheter. La business woman en a vendu beaucoup.
    Je vais la contacter, tiens, pour lui proposer de donner des séminaires aux écrivains. On s'inscrit, elle nous coache et ça va chauffer dans les salons. Vous allez voir ça ! L'un en train de haranguer la foule, l'autre proposant ses trois meilleurs livres pour le prix de deux, le dernier initiant des soldes jusqu'à épuisement du stock, avec le complice bien placé dans la foule qui se rue en avant, billet tendu, pour provoquer le mouvement d'achat impérieux !
    Déjà cet après-midi, tiens, je vais appliquer ses recettes, rue Goethe 8 pour ma dernière signature dans ce salon du livre ! Je serai là, sourire chaleureux, œil de prédateur. Je vous dirai bonjour. « Est-ce que vous aimeriez découvrir un auteur rigolo ? » Ce sera moi !