• Choc en retour, par Ferguson Findley

    Omnibus a republié en volume les chefs-d'œuvre de la collection Un mystère, parue aux Presses de la Cité. Celle avec le petit éléphant sur la couverture. Les amateurs de polars se souviendront.
    Il existe à ma connaissance deux volumes concernant les années cinquante, avec huit romans à chaque fois. Des noms oubliés. On se souvient de Peter Cheyney, Ellery Queen, William Irish, mais pas beaucoup de Bill Ballinger, William Krasner ou Helen Nielsen.
    Là, je viens de lire Choc en retour de Ferguson Findley. Auteur américain né en 1910, m'apprend la notice. Marine pendant la deuxième guerre mondiale. Participe à l'invasion d'Okinawa. Puis travaille dans les relations publiques. Cinq polars entre 50 et 56. On ignore ce qu'il est devenu  ensuite.
    Un jeune flic recherche celui qui a tué son père, flic aussi. Il prend une fausse identité, se transforme, se fond dans la pègre, infiltre un réseau. La description des milieux de la drogue, de la petite société des revendeurs, des bars et des boîtes de nuit, est réaliste. Il y a une violence à fleur de gestes, des dialogues tendus, une ambiance d'époque.
    Ce qui frappe, c'est la liberté dont jouissait (dans le polar en tout cas) la police. Ça défouraille à tout-va, sans états d'âme, et puisque c'est un flic qui tire, il a forcément raison. L'érotisme, lui, est moins relâché. Les personnages sont chauds, mais il y a des ellipses à chaque moment un peu tendu. Du genre : « Ensuite, nous parlâmes de choses tout à fait différentes et, à un certain moment, nous cessâmes complètement de parler. Puis la pendule nous rappela à l'ordre. »
    Pour compenser ces silences par un peu de visuel (voir aussi ici), on trouve ici et là de petites perles de sensualité. Tenez, une scène. Le flic livre de la drogue dans la haute société :« La pièce maîtresse du mobilier rose et or était un immense canapé de trois à quatre mètres de long, surchargé de coussins dorés, et situé directement en face de la porte par laquelle j'étais entré.
    « - Vous avez quelque chose pour moi, monsieur Murphy ? demanda la voix.
    « Je me dirigeai vers le canapé géant et dans l'amoncellement des coussins, découvris la comtesse de Callène.
    « Nonchalamment allongée à plat ventre, sous le faisceau brunissant d'une lampe à rayons ultraviolets, elle n'avait pas un fil sur le corps. Elle pouvait avoir vingt-huit ans et sa peau était lisse et douce à voir et d'un magnifique brun doré, depuis les extrémités de ses orteils en passant par ses fesses rondes et fermes jusqu'à ses épaules, sur lesquelles déferlait une cascade de longs cheveux châtains. Les rayons ultraviolets donnaient à son maquillage une teinte verdâtre.
    « - Excusez cette tenue assez peu conventionnelle, Murphy. Vos épaules sont-elles vraiment aussi larges, ou bien votre veston est-il outrageusement rembourré. Combien pesez-vous ? »
    Pas mal, non ?