• Chemins de fer, par Benoît Duteurtre

     Benoît Duteurtre continue sa critique de la société moderne. Ah, il ne l'aime pas, la société moderne !  Il a fait les téléphones portables, les sanisettes, les caméscopes, l'enfant-roi, la condamnation de la clope... Dans Chemins de fer, comme le titre l'indique, il s'en prend à la SNCF : son héroïne découvre que ce n'est plus un service public mais une entreprise de voyages qui vise à la rentabilité.
    Cette dame est en pleine contradiction : directrice d'une agence de comm parisienne branchée, et vivant comme une paysanne au feu de bois le week-end. En plus, on lui plante un réverbère et des poubelles devant son chalet ! Elle s'indigne, mais les villageois sont pour le progrès. Qu'est-ce que vous voulez faire ? Même si elle vient au village depuis son enfance, même si elle y vit la moitié de l'année, on la tient pour une Parisienne emmerdante.
    Bien sûr. Là où je passe mes vacances, c'est la même chose. C'est la même chose partout. Les installés sont toujours des allogènes après 30 ans de résidence et les gens vaguement issus de l'endroit prennent des airs de propriétaire quand ils viennent un week-end. Moi aussi, à Ollon (Ollon Valais, pas dans le canton de Vaud), je suis chez moi trois jours par année, mais partout ailleurs, je reste un touriste ou un implanté. On devrait pouvoir choisir de se proclamer d'où on veut, d'où on aime être, mais il y a des codes sociaux figés, des communautés qui s'accrochent à une identité par l'exclusion, l'esprit de clocher...
    En creusant un peu, Chemins de fer, ça aurait fait un bon petit essai là-dessus d'une trentaine de pages un peu colériques. Deux bon petits essais, disons. Sur l'intégration villageoise et sur la SNCF. Avec les citations du langage branché et technocratique que Duteurtre sait si bien reprendre et ridiculiser. Mais comme roman, c'est médiocre. Ça manque de ressort, ça tourne en rond, c'est démonstratif... Bon : lectures de vacances encore. En attendant le réveillon.


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