• Napoléon Bonaparte, portrait inachevé, par DavidIl m’a donc semblé (voir ici et ici) que Chateaubriand montrait dans ses Mémoires d'outre tombe, pour son grand rival dans le siècle, Napoléon Bonaparte, de l'admiration et l'horreur. Mais à relire un peu tout ça, l’Empereur ne me semble évidemment pas le seul concerné dans ces pages.

    Elles ont aussi pour fonction de faire par opposition le portrait de l’écrivain. Un portrait sublime.

    Il a été l'un des seuls, effectivement, à s'opposer à l’ogre. Sa démission d'ambassadeur en Valais après l'exécution du duc d'Enghien, les articles par lesquels il a mécontenté l'Empereur ou la rédaction de De Napoléon et des Bourbons, qui pouvait lui valoir le peloton d'exécution, montrent que le vicomte était courageux quand il était seul contre tous.

    Autres contrastes: la fidélité de Chateaubriand à une cause et à un idéal tranche avec le mépris de Napoléon pour toute doctrine, lui qui a confisqué la Révolution à son profit et qui ne se pare d'idées que quand elles le servent (voir les Cent-jours). La liberté de la presse qu'a toujours défendu Chateaubriand s'oppose au contrôle absolu des opinions que pratiquait l'Empereur. Etc.

    Malgré tout, il me semble qu’il y a une nostalgie pour l’Empire dans les Mémoires, un regret pour une Europe qui aurait été française. On peut la partager aussi...

    Eh oui, si Napoléon avait consolidé son œuvre au lieu de foncer suivant ses impulsions, on parlerait le français aujourd'hui, en tout cas comme langue des élites, de l'Atlantique au Pacifique.

    Et s’il avait répondu aux demandes d’aide des insurgés, on parlerait français aussi aux USA...





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