• Hubert Robert, Tombeau de Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville, 1802

    La mort est partout dans les Mémoires d'Outre-Tombe. Dans le titre même, et puis dans chaque page. Mort des hommes, des civilisations, des puissants, des rêves, des années.

    Notre écrivain ne voit pas passer une jolie femme sans qu'il n'imagine le tombeau dans lequel sa poussière reposera. Il ne cite pas un roi ou un empereur sans se rappeler que la Roche Tarpéienne est près du Capitole.

    Mais cette mort qui est l'arrière-fond du livre n'est pas horrible, monstrueuse, terrifiante. Très douce au contraire. Poétique. Une mort de ruines romaines, de sarcophages anciens, de pierres tombales usées par le temps dans des cimetières abandonnés. Ce n'est pas une mort qui arrache, qui blesse, mais sur laquelle on médite, qui relativise le présent, la vie, les souffrances, qui est le terme et l'achèvement.

    Une mort littéraire. A moins que le christianisme de Chateaubriand, qui lui servait sans doute de consolation, l’assurait d’une survie, une récompense peut-être pour avoir contribué au rétablissement du culte avec Le Génie du christianisme.

    C'est cette mort omniprésente qui contribue à donner au livre un peu de son charme. Parce qu'elle évite les réalités insupportables au profit des symboles. Une mort sans cadavres mais avec des tombeaux ornés.





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