• Catherine Ballestraz, Comment vas-tu ?

    Catherine Ballestraz a très envie d'écrire. Ou plutôt d'être écrivain. Ce qui la conduit dans ce roman à prendre des postures un brin théâtrales.
    On la voit aller récupérer solennellement sa plume qu'elle a enterrée à six heures de route de chez elle dans un cimetière pour pestiférés, puis, à la fin du livre, l'enfouir à nouveau. Célébrer longuement cette plume comme si elle était une baguette magique d'où devrait sortir une transmutation prodigieuse. Se placer poétiquement en Grèce d'où elle écrit des lettres majestueuses à sa cousine Matthé en Suisse. Des textes généreux, pleins de métaphores, et sans réponse.
    Matthé malheureusement n'existe pas vraiment en tant que personnage et semble une simple autre incarnation de la romancière dans cette correspondance à sens unique. Il y a un aveu final : « Toutes ces lettres dont je suis l'auteure, et pourtant, les relisant, je me suis sentie toi, Matthé. »
    On a en effet dès le début du livre l'impression très forte que la narratrice, le personnage et même l'auteure (!) ne font qu'une, qui se met en scène constamment. Un procédé narcissique qui m'a agacé. D'autant plus que Catherine Ballestraz est une personnalité intéressante, qui a des moyens, un ton et un rythme. Un sens de la nature, un don de communion avec elle, une vision originale et animiste du monde. Mais peut-être faudrait-il moins de complaisance pour que ces dons portent un livre.

    Catherine Ballestraz Comment vas-tu ? (Editions de L'Hèbe)