• Casanova et Laforgue

    Boucher, Femme vue de derrière
    Je n'avais en fait jamais lu Casanova, puisque j'avais lu les trois volumes de la Pléiade qui lui sont attribués. Ceux qui ont pour titre
    Mémoires. En fait, ce sont des faux.
    Des faux dans la Pléiade? Eh bien oui.
    Si on veut être un peu mesuré, on dira qu'ils ont tout de même un intérêt, et que celui-ci est culturel. Il s'agit d'une réécriture de Casanova par Jean Laforgue (11 janvier 1782–6 novembre 1852), un universitaire français de Dresde.
    Entre 1825 et 1831, Laforgue a été chargé par l'éditeur Brockhaus de rendre les souvenirs de l'aventurier plus lisibles et bienséants. C'est ce texte adouci qui a fait foi jusqu'en 1960, où l'original a enfin été publié.
    Il paraît que ses corrections furent autant stylistiques (suppression des italianismes), que morales. Laforgue rend les scènes plus décentes, mais il sacrifie aussi à l'idéologie du début du XIXème, puisque, nous raconte Wikipédia, Il « coupe ou rajoute des passages pour amoindrir les tendances chrétiennes ou Ancien Régime de l’auteur ».
    Effectivement, l'original est plus décousu, mais vivant, charnel, avec une langue très libre, un aller-retour constant entre le présent et le passé, des staffiere par ici (palefrenier) et des bilai (huissier, pour bailiff en anglais) par là. Ça court, c'est vivant, sensuel, plein de détails, de mouvements, de pittoresque et de concret, une parfaite incarnation du XVIIIème libertin.