• C'est pire cool

    Avez-vous remarqué que la principale modification que les jeunes infligent à la langue française porte sur l'adverbe d'intensité très. En le remplaçant par exemple par trop. Au lieu de « je suis très content » : « je suis trop content ». Ou par pire. « Je suis pire content. Cette fille est pire belle. »
    Le phénomène n'est pas neuf. Dans les années 70, nous utilisions vachement. Je suis vachement content. Qui se déclinait en Cliquez pour voir l'exemple.vacheté au superlatif. C'était très joli. C'était vacheté joli.  Puis est venu le temps du super. Ou méga. Ce film hyper intéressant. Etc.
    Une remplacement qui veut probablement signaler l'intensité des sentiments. Cette infraction dit à tout le monde : « Ma génération ressent ce que la tienne n'a jamais ressenti, nous sommes les premiers adolescents du monde et nous inventons une transgression à nous pour le montrer - et en plus, ça t'ennuie et ça t'agace, bénéfice supplémentaire ! »
    Notez que ça peut se déplacer ensuite, quand on vieillit. Le très sert aussi d'identification à d'autres milieux sociaux. Je suis extrêmement content. Absolument content. Tout à fait content. Elle est complètement belle...
    Elle passe, hélas, cette croyance adolescence en une sensibilité supérieure. Je n'utilise plus depuis des dizaines d'années vachement. Pire est déjà aussi démodé que trop. Et les suivants arriveront avec leur mot à eux. Mauvais peut-être. Je suis mauvais fatigué. Ou funeste. Tu sembles funeste content. Qui dit mieux ?