• Premier manifeste du surréalisme, par André Breton

    Après quelques considérations générales , il est peut-être intéressant de parler plus en détail du premier Manifeste du surréalisme, paru en 1924. C'est vrai, le texte m'a fasciné, par l'ouverture qu'il propose, et à cause de mon incapacité foncière, il faut l'avouer, à comprendre ce qu'est exactement cette ouverture.
    Le Manifeste était à l'origine destiné à devenir une préface à Poisson soluble, un recueil de textes automatiques. Les spécialistes qui l'ont analysé y recencent plusieurs moments d'écriture amalgamés. Par exemple, Élisabeth Kennel-Renaud qui y compte 9 éléments (ma source est wikipédia).
    Ça commence en tout cas par un hommage à l'imagination et ça se finit par l'apologie d'une attitude non-conformiste, en passant par le procès du roman réaliste, l'appel à l'émerveillement, la définition des principes de l'écriture automatique, et surtout une fameuse définition du surréalisme.
            André Masson, le chantier de dédale
    Je cite Breton:
    « SURRÉALISME, n. m. Automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.
    - Encycl. Philos. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. »
    Plusieurs expériences avaient mené à ça. Les sommeils hypnotiques tentés par Breton et Crevel pour libérer le discours de l'inconscient. Et bien sûr le récit de rêve et l'écriture automatique.
    Ceci dit, et malgré la définition citée, ce qu'est le surréalisme, après ce manifeste, reste passablement vague pour moi.
    Ça le sera toujours mais on verra que ça se précise un peu dans le second manifeste. (Ce sera pour un autre jour).

    André Breton, Manifestes du surréalisme, Idées, Gallimard