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Le baiser au lépreux par François Mauriac
On doute, en lisant Le baiser aux lépreux, que François Mauriac, écrivain catholique, a vraiment pour projet de défendre et illustrer la religion.
Elle semble dans son livre une simple manière de mater et diriger la bourgeoisie en gérant sa sexualité.
Directeur de consciences dont on ne voit pas très bien où il les mène, le curé manipulateur du livre ne vise qu'à éloigner les filles des bals, empêcher les garçons de mener des entreprises amoureuses, faire échouer les adultères et fabriquer des mariages malheureux qui assurent son pouvoir.
Pour empêcher que la fortune des Péloueyre passe à un neveu anticlérical, il fait épouser à Jean, le fils unique chétif et ridicule, la belle Noémi. Elle n'a aucune attirance pour lui mais elle obéit à son curé et d'ailleurs « on ne refuse pas un Péloueyre ». Mais à vivre avec le nabot, son dégoût s'accroît.
Jean qui en souffre part à Paris puis, revenu, s'arrange pour attraper la tuberculose au chevet d'un ami mourant et succombe avec générosité.
Peine perdue: elle ne peut se remarier par la volonté du beau-père, et elle n'ose succomber aux avances du médecin viril, par religiosité mais aussi parce que le bourg n'accepterait pas qu'elle cesse de jouer la veuve admirable.
Interdits provinciaux, honorabilité bourgeoise, oppression de l'Eglise au service des principes dominants, rien ne manque ici à l'étroitesse et à l'étouffement.
Sinon, il y a une belle présence des landes, des pins et des paysages du Sud-Ouest.
François Mauriac, Le baiser au lépreux, Le livre de poche