• Antonin Moeri

    Antonin Moeri est une figure importante du PLR (Paysage Littéraire Romand) depuis 1986 déjà. A cette date, il remporte le Prix littéraire de la Ville de La Chaux-de-Fonds et de la revue [vwa]. Une revue qui a été la plus inventive, la plus ludique, la plus intelligente et la plus littéraire de la place.
    En 1986, donc, le prix couronne Journal fiction. Antonin Moeri a 33 ans et une carrière d'acteur derrière lui, à laquelle il a renoncé pour l'écriture. Dans la foulée de cet événement, trois romans paraissent. Une trilogie en forme de suite familiale. Le fils à maman, L'île intérieure, Les yeux safran, tournent autour de l'existence - et de la mort - d'une mère et d'une sœur.
    Cohérence thématique, mais aussi esthétique. Le narrateur voit passer en lui le flux de la vie, ne parvient pas à le retenir, l'observe, passif, agi, et ne trouve un sens à sa vie que dans l'écriture, la promenade et le chant de la phrase. (Je reprends cette dernière formule d'un article que j'ai fait sur Moeri dans le Passe-Muraille en 1998. Une manière de lancer le débat : peut-on se piller soi-même ? A-t-on le droit de recycler ses vieux papiers ? Je vais me gêner, tiens ! Qu'en  pensez-vous ? Bientôt les résultats de notre sondage exclusif !)
    Cette trilogie, donc, permet à Moeri de trouver sa voix. On va retrouver dans à peu près tous les textes ultérieurs ce travail sur le monologue et l'oralité, cette recherche de définition au milieu d'un monde insaisissable, cette analyse détachée des relations, ces observations cruelles et impitoyables sur les ridicules et les bassesses contemporains. Notamment dans ses
    nouvelles, si on peut appeler ainsi cette forme qui lui est propre : des textes observateurs, ironiques. Souvent de petits bijoux. Allegro amoroso (Prix Schiller), Paradise now ou encore Le sourire de Mickey.
    Il y a aussi
    deux autres romans. Cahier marine raconte une passion pour une femme éclatante et bizarre, qui aime les aventures sordides proches du viol. Et Igor, qui explore le récit à la troisième personne et la construction romanesque.
    Tenez, je me souviens. J'avais fait un papier un peu  précis sur Les yeux safran dans le défunt Nouveau Quotidien, il y a une quinzaine d'années. Je vais essayer de le retrouver pour l'utiliser ici. (N'oubliez pas notre sondage !)