• Balzac, Le député d'Arcis

    Gérard, Le sacre de Charles

    Roman pas terminé, Le député d'Arcis aurait dû faire partie des grands textes de Balzac, et se combiner en diptyque avec Une ténébreuse affaire. On y retrouve les mêmes personnages, ou leurs enfants ou leurs petits-enfants, en 1839. Une grande force du livre est d'ailleurs de montrer comment les fidélités, les rancunes, les lignes de forces sont déterminées par ce qui s'est passé des dizaines d’années plus tôt.

    Il devait y avoir deux lignes de forces dans le roman. Les élections tout d'abord. Balzac voulait montrer le fonctionnement du système sous Charles X où le suffrage universel n'existait pas, où ne votaient que les possédants, où pour insulter quelqu'un vous le traitiez de démocrate, où les doctrines étaient plutôt floues, en tout cas dans l'opposition. On voit que sous le mot progrès, par exemple, le candidat libéral met à peu près tout et son contraire.

    Mais le roman devait être aussi celui d'un des grands personnages de la Comédie Humaine, Maxime de Trailles.

    A presque cinquante ans, celui-ci, après avoir ruiné plusieurs femmes, participé à toutes sortes de combinaisons louches et secrètes, veut faire une fin. Il a trop de dettes, il se sent vieillir, il veut se marier avec une provinciale largement dotée.

    Le roman s'arrête là, mais on devine déjà qui aurait dû être la victime du vieux séducteur. Cécile Beauvisage, héritière d'une fortune par son père bonnetier et son grand-père notaire, probablement fille illégitime d'un noble, le vicomte de Chargeboeuf, ce qui explique ses manières aristocratiques (eh oui, Balzac croit à l'hérédité et à la génétique beaucoup plus que nous), et qui veut quitter son bled d'Arcis pour vivre à Paris dans les cercles choisis...

    Ces deux-là se seraient-ils entendus? Ah, quel mystère...