• BalzacUne confrontation classique dans ce livre: le jeune noble provincial issu d'un milieu étroit, la grande dame. Il est jeune, beau, naïf, elle a quelques années de plus que lui, de l'expérience, de la rouerie. Il n'a bien entendu aucune chance.
    Dans Béatrix, il y un autre intérêt: le livre est un roman à clés. Béatrix a pour modèle Madame d'Agout, cette femme qui défraya la chronique en son temps parce qu'elle avait pris la fuite avec Lizst, qui, ici, est portraituré sous le nom de Conti. Ce couple illégitime rencontre le jeune héros, Calyste, chez Camille Maupin. Là aussi, il s'agit d'un personnage inspiré par une romancière célèbre, George Sand, qui fut l'amie de tous ces gens-là, et chez qui Balzac a recueilli l'histoire Lizst-d'Agout.
    Le livre est en deux parties. Dans la première, Calyste, dont Camille Maupin a refusé l'amour, rencontre la froide, belle, blonde et calculatrice Béatrix, il en tombe amoureux et elle le manie comme elle veut. C'est une lutte serrée entre les deux femmes, qui oscille entre le sublime, le perfide, le sentiment et la stratégie fine, dans une grande débauche qui finit au moment où Conti revient, comprend tout, manipule lui aussi Calyste pour le faire avouer, et disparaît avec sa maîtresse.
    Quelques années plus tard, Calyste marié, consolé, enrichi par Camille Maupin qui est entrée au couvent, ayant fait le tour de toutes les passions (oui, je sais, mais ce n'est pas moi qui ai écrit le livre), retrouve Béatrix abandonnée, qui en fait très facilement son caniche. Par chance, la famille de sa femme engage le vieux roué Maxime de Trailles, aventurier du monde. Pour brouiller les amants, il monte une intrigue subtile et qui marche très facilement, étant donné sa connaissance des rouages et des mécanismes du monde.
    Moi, chez Balzac, j'aime particulièrement les peintures sociales. Les petites intrigues personnelles ne me semblent pas toujours crédibles. C'est peut-être que le fonctionnement des individus, par rapport aux rôles qu'on leur donne, diffère, qu'il était plus convenu à l'époque. Mais il y a toujours cette puissance de fleuve, cette vision supérieure, large, totale, quoique un peu superficielle parfois dans les détails et les subtilités...





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