• Antonin Moeri, suite


    Voici la suite de l'article sur Antonin Moeri. Où on va le voir rencontrer un grand écrivain et un grand éditeur. Résumé du chapitre précédent : notre auteur jeune a fait le comédien. Il a du succès. Pourtant, il décide d'arrêter le théâtre. Pourquoi ? 
     

    L'expérience lui a fait comprendre que s'exhiber n'est pas son fort. Lui est plutôt voyeur. Une rencontre essentielle le convainc d'un choix déjà presque fait : Peter Handke, à qui il a envoyé sa traduction personnelle de Les gens déraisonnables sont en voie d'extinction, lui fixe rendez-vous à la terrasse du Café Apollinaire, à Paris. Il perçoit le moment de désarroi que connaît Moeri et l'interroge longuement. Vient le verdict : « Il faut, dit-il, faire le métier dans lequel vous vous sentez le mieux.C'est décidé. Moeri a traduit des textes allemands, il lit Proust, il sera écrivain. Il collecte déjà sur ses carnets des personnages, des silhouettes, des situations, des notes. Reste la mise en forme.
    Une longue période d'essais commence. En 1986, Moeri envoie son         Peter Handke
    premier livre à Jérôme Lindon, des Editions de Minuit, qui l'apprécie mais lui fait énormément de remarques. Au début, Moeri joue le jeu, il corrige. Mais au deuxième ou troisième envoi, il trouve que ça commence à devenir fade : on lui demande de supprimer les termes romands, argotiques ou grossier pour atteindre le style minimal qui est dans l'esprit de la maison. Il donne finalement son manuscrit à Georges Haldas, un voisin. Enthousiasmé, celui-ci le fait sortir dans le mois qui suit à L'Age d'Homme.
    Suit L'île intérieure, une année plus tard. Puis Les yeux safran, un roman plus grave dans le discours absurde, délirant et cocasse de Moeri. 

    Et on parlera des Yeux safran dans quelques jours.