• Anatole France et les terrasses

    Terrasses. On me demande mon avis. Si si. Des gens que j'ai rencontrés au Terrier, après que certaines des Opinions de Jérôme Coignard y ont délicieusement été lues par Claude Goy. Vous savez, Coignard, ce personnage qu'Anatole France a inventé en 1893. Un gros abbé du XVIIIème siècle, qui exprimait les idées de l'auteur sur le monde et la politique. C'est un aimable sceptique un peu tiède, laïc, humaniste, éloigné des idéologies. Fin rhétoricien.
    Nous nous demandions, ensuite, avec quelques personnes du public (car Le Terrier, c'est aussi le dernier salon où l'on cause), pourquoi Anatole France avait dAnatole Franceisparu. Marcel Cottier (un des animateurs du lieu) accusait les surréalistes d'avoir définitivement démoli le bonhomme. Le fameux pamphlet d'Aragon, vous vous souvenez ? « 
    Avez-vous déjà giflé un mort? »
    Il y avait d'autres causes peut-être, disait-on. Son écriture est abstraite, classique, peu visuelle. L'Histoire lui a donné tort. Anatole affirmait, en gros, que tous les régimes politiques se valent, qu'il faut s'occuper de ses affaires privées, et le nazisme et le communisme ont prouvé le contraire...
    Bref, après les considérations élevées, dans cet apéro-grignotage qui suivait la lecture, on est passé à des choses plus terre-à-terre. Quelqu'un qui visite de temps à autre ce blog m'a reproché de ne pas continuer ma recension des cafés de Plainpalais.
    C'est vrai. Je présente mes excuses. Je promets de m'amender. On ne perd rien pour attendre. Puis, comme je me suis en somme auto-proclamé petit spécialiste de ces choses-là, on m'a demandé quelles sont les terrasses que je conseille. Opinion personnelle, on est d'accord.
    Eh bien, je dirais que ça dépend des heures et des moments. Le matin, pour le petit noir et la presse, celle du Café de la Radio est parfaite. Je parle de celle qui donne sur le boulevard Carl-Vogt (il y en a une autre rue de l'Ecole-de-Médecine).
    Tiens, d'ailleurs c'est l'heure, je vais y aller.