• Allez jouer ailleurs, par Pascal Bruckner

    Dans le premier chapitre, une rame de métro se transforme en énorme papillon. Dans le deuxième, un clochard qui semble s'exhiber devant des écoliers fait sortir une colombe de sa braguette. Puis on découvre qu'un petit garçon est un ogre.
    Bref, ce sont des sortes d'épisodes fantaisistes et fantastiques autour du métro, entre conte de fée et prise d'acide.
    Allez jouer ailleurs a été publié en 1976.  Bruckner avait 28 ans. Un livre de jeunesse, donc, parfaitement daté, pris dans l'imaginaire et les valeurs d'une époque post-soixante-huitarde, et qui ont bien vieilli.
    N
    otre philosophe a fait mieux depuis et a explicité plus efficacement d'autres états de la société. Le Sanglot de l'homme blanc a décrypté la culpabilité tiers-mondiste (1983). Les Voleurs de beauté (Prix Renaudot 1997) a mis en scène la détresse du séducteur vieillissant. La Tyrannie de la pénitence (2006) dissèque le masochisme occidental.
    Toujours en phase avec son époque, donc, Pascal Bruckner. Ce n'est pas le dernier épisode révélé par les journaux qui me contredira, tant il illustre bien la période où nous vivons. Les années Sarkozy. Argent, frime, sexe, liaisons.
    La presse dominicale suisse vient en effet d'annoncer que Bruckner allait probablement témoigner au procès de Cécile B., dont il a été l'amant. Cécile B. qui aurait assassiné, lors d'une séance S.M. à Genève, le puissant banquier Edouard Stern, alors que sa victime était vêtue d'une combinaison en latex, attachée et empluguée.
    Une affaire dans laquelle on cite aussi les noms de Thierry Breton, contre qui Stern avait déposé plainte, et de Nicolas Sarkozy justement, qui aurait eu des liens d'amitié avec le mort.
    Ça change du métro transformé en papillon, non ?
     
    Pascal Bruckner, Allez jouer ailleurs, Le livre de poche.