• Gérard Delaloye habite en Transylvanie, le lieu d'origine de sa femme, où il a décidé de finir sa vie. La Transylvanie ? Qu'il fasse attention, allez-vous me dire : les vampires, Dracula, les Carpates...

     

    Eh bien, c'est par Dracula justement que commence le recueil de textes que Delaloye consacre à la Roumanie : Les douanes de l'âme. Il en profite pour remettre quelques pendules à l'heure. Pas de château de fantômes et de vampires en Transylvanie, qui est un plateau vallonné, un peu comme le plateau Suisse, entouré de montagnes de tout à fait moyenne altitude.

     

    Comment Dracula a-t-il abouti dans ce pays ? Pour nous l'apprendre, Delaloye fait un détour par Genève. Il y suit le poète Shelley et sa compagne qui y ont rejoint Lord Byron. Un défi littéraire entre les écrivains pousse Marie Shelley à écrire Frankenstein. Byron commence un texte qu'il ne terminera pas, The Vampyre. Celui-ci connaîtra une postérité romanesque. Le récit, piraté par son secrétaire, crée un mythe qui transite par Bruxelles, avant de gagner l'Irlande où Bram Stoker réunit les éléments pour lui donner la postérité qu'on connaît.

     

    Cette petite enquête éclairante et passionnante sur Dracula est à l'image des autres textes qui composent ce recueil. Delaloye découvre son nouveau pays, s'intéresse à ses minorités : les Saxons, les disciples de Michel Servet, les roms. Il évoque de grandes figures issues de ce coin de terre : le poète Paul Ceylan, la romancière Herta Müller. Il décrit ses rites, notamment funéraires. On y apprend même ce que Tintin doit à la Transylvanie.

     

    Vivant, et érudit, Les douanes de l'âme dresse la carte d'une région et d'un pays, la Roumanie, qui est un trésor de diversité culturelle, ethnique, linguistique, loin de tous les clichés qu'on véhicule sur lui.

     



     

    Gérard Delaloye, Les douanes de l'âme, Editions de l'Aire