• Début de mon roman Le Lynx, à paraître fin février aux Edtitions de L'Aire (L'Aire bleue)

     

    Le soleil avive les couleurs des montagnes. Près de la lisière supérieure de la forêt, les écureuils, les oiseaux et un renard qu'il a dérangé observent un homme dans la lumière automnale, accroupi devant la carcasse d’un chevreuil, à demi cachée sous des feuilles, des herbes, de la mousse et des épines de sapin.

    De ces restes évidés, nettoyés, il reste l’appareil digestif, la colonne vertébrale et les pattes entourées de peau ; des restes négligeables pour le lynx, qui ne reviendra plus.

    Ce fauve hante la région. Des moutons égorgés révèlent sa présence. Tous n'ont pas été tués par des chiens, même s'il arrive à ceux-ci de perdre la tête et de retrouver leur instinct de chasseur. Les moutons en altitude constituent des proies faciles, leurs troupeaux paissent sans surveillance.

    Les chevreuils et les chamois sont plus coriaces. Maxime se lève chaque jour avant l’aube pour les observer. Il monte vers les lisières des forêts, scrute les pentes, dissimulé dans des replis de terrain, immobile, caché derrière les arbres ou les rochers. La présence du lynx se devine parfois. On entend ses cris. Ses traces marquent la neige, de grosses empreintes de chat. Lui reste le plus souvent invisible.